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Pourquoi la nature préfère la reproduction sexuée au clonage

Vue au microscope de cellules de saccharomyces cerevisiae.

Vue au microscope de cellules de saccharomyces cerevisiae. - Wikipedia

Pourquoi la nature préfère-t-elle les aléas du sexe au clonage? Des scientifiques ont mené l'enquête et découvert dans la levure asexuée et sexuée la raison d'être de ce mode de reproduction.

Lorsque nos instincts primitifs visent un but plus noble, ou pourquoi la nature préfère-t-elle la reproduction sexuée au clonage? Après avoir mené des expériences sur différentes sortes de levures, des chercheurs de l'université américaine de Harvard pensent avoir percé une part du mystère. Dans une publication de la prestigieuse revue Nature, ils confirment que la reproduction sexuée permettrait de favoriser une adaptation plus rapide de l'espèce.

Une recombinaison utile des chromosomes

Passons sur ce que le sexe signifie pour les animaux sexués que nous sommes pour apprécier l'efficience des deux modes de reproduction. D'un côté, le clonage est une opération linéaire qui consiste à fournir une copie d'un être vivant. Des différences existent avec l'original, mais elles restent minimes.

De l'autre côté, et c'est paradoxalement la voie privilégiée par le vivant, les auteurs de l'étude soulignent que la reproduction sexuée implique une recombinaison des chromosomes des deux parents et une séparation de ceux-ci en cellules reproductrices. Nul besoin de sortir de Harvard pour comprendre que le processus est bien plus complexe, risqué, tout en demandant bien plus d'énergie. L'économie de moyens ne penche pas du côté du sexe. Alors pourquoi le clonage n'a-t-il pas gagné?

La réponse est dans la levure

Que le brassage des gènes soit utile à la perpétuation et l'évolution du vivant n'est pas une hypothèse nouvelle. Les auteurs relèvent que "par exemple, le sexe peut favoriser la fixation de mutations bénéfiques (...) au détriment des mutations délétères". Mais la nouveauté de l'étude réside dans les preuves ou commencements de preuve qu'elle expose.

En cultivant deux sortes d'une même levure (saccharomyces cerevisiae), l'une sexuée et l'autre asexuée. Et en les faisant se reproduire en laboratoire sur mille générations, les chercheurs ont pu observer de subtiles différences qui vont en s'amplifiant au fil du temps. Si, au départ, les deux levures semblent évoluer de manière parallèle, les analyses ADN montrent que sur le long terme, le groupe sexué fixe un plus petit nombre de mutations génétiques, laissant augurer d'une plus grande capacité d'adaptation.

Ce début de réponse est loin de tout expliquer puisque la levure reste un organisme extrêmement simple comparé à d'autres: on ne sait toujours pas comment est apparue, il y a un milliard d'années, la reproduction sexuée.

David Namias