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Pour la première fois de l'Histoire, une sonde spatiale est entrée dans l'atmosphère du Soleil

La sonde Parker Solar lors de son lancement depuis Cap Canaveral, en Floride, le 12 août 2018.

La sonde Parker Solar lors de son lancement depuis Cap Canaveral, en Floride, le 12 août 2018. - BILL INGALLS / NASA / AFP

Une sonde de la Nasa a pu pénétrer l'atmosphère du Soleil, notamment pour récupérer des particules, a annoncé l'agence ce mardi.

Eugene Parker, astrophysicien américain de 94 ans ayant passé sa vie à observer le Soleil, doit avoir la tête dans les étoiles. La sonde de la Nasa "Parker Solar", nommée en son honneur, a réussi sa mission, a annoncé l'agence ce mardi. En avril, elle est entrée dans l'atmosphère du soleil pour récupérer des particules de l'étoile, mais aussi analyser son champ magnétique.

"Un pas de géant"

60 ans après avoir fixé l'objectif, et trois ans après le lancement de Parker Solar, la sonde est donc le premier véhicule spatial à être entré en contact avec le Soleil, plus précisément le premier à pénétrer sa couronne, où la température avoisine le million de degré Celsius. Entourant l'astre, et visible lors des éclipses solaires totales, cette couronne est la partie la plus extrême de son atmosphère, l'enveloppe de gaz qui entoure le Soleil.

"Le fait que la sonde Parker Solar ait pour la première fois touché le Soleil est un moment monumental pour la science solaire, un pas de géant", a expliqué dans un communiqué Thomas Zurbuchen, administrateur du directoire des missions spatiales de la Nasa.

L'entrée de la sonde dans la couronne solaire a eu lieu le 28 avril dernier, à 10h33 heure de Paris. Elle est néanmoins restée à 13 millions de kilomètres de la "surface" du Soleil, la photosphère, la couche de gaz qui constitue la partie visible de l'étoile. Contrairement à la Terre, le Soleil n'a pas de surface solide. La sonde a donc pu atteindre ce que les scientifiques appellent la surface critique d'Alfvèn, frontière de l'atmosphère du Soleil. Parker Solar a pu rester cinq heures dans cette zone, comme l'explique l'article scientifique accompagnant l'annonce.

Répondre à un paradoxe majeur

Jusqu'alors, les scientifiques n'avaient pas d'idée précise de la distance qui séparait le Soleil de la surface critique d'Alfvèn. On sait désormais, grâce à la sonde américaine, qu'elle mesure 13 millions de kilomètres. Il a néanmoins fallu six mois pour que les scientifiques puissent confirmer les résultats, et donc rendre public l'annonce. Du fait de la luminosité du Soleil, la transmission entre la sonde et la Terre peut être coupée pendant plusieurs jours.

La sonde évolue en cercle autour de l'astre. Les prochaines expéditions devraient permettre d'approcher la surface du Soleil à "seulement" six millions de kilomètres, en 2024. Rapportée à la taille de l'étoile, cette distance est en réalité peu importante.

Cette expédition pourrait également permettre de répondre à une des interrogations majeures des sciences solaires: pourquoi la couronne solaire est-elle plus chaude que la surface de l'étoile? La température de la couronne peut en effet avoisiner le million de degrés, quand sa surface ne dépasse pas les 6000 degrés Celsius. Un paradoxe alors qu'habituellement, plus on se rapproche d'une source de chaleur, plus la température augmente.

Equipée d'un bouclier thermique

Comment la sonde peut-elle résister à des températures si extrêmes? Sur sa chaîne YouTube, la Nasa a expliqué que l'engin était équipé d'un bouclier thermique placé à l'avant, permettant de réduire la température à l'arrière de la sonde, où sont placés les instruments. La sonde est également équipée d'un système de refroidissement. Et précision importante, comme l'explique la Nasa, la chaleur n'est pas la même chose que la température. Bien que la température de la couronne soit équivalente à un million de degrés, la faible densité de cette zone permet d'avoir une chaleur ne dépassant pas les 1650 degrés Celsius, température maximale que la sonde peut supporter.

Les prochaines expéditions de la sonde permettront également de mieux comprendre l'origine du vent solaire, un phénomène qui peut avoir une influence sur les satellites, les GPS et les astronautes dans l'espace.

Jules Fresard