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Ménopause: des scientifiques parviennent à l'"inverser"

Une femme enceinte en consultation (illustration).

Une femme enceinte en consultation (illustration). - Philippe Huguen - AFP

Permettre à des femmes ménopausées depuis des années de retrouver la fertilité est, au-delà des considérations éthiques, l'exploit réalisé par une équipe grecque.

La ménopause barrière à la fertilité féminine? Des chercheurs grecs a repoussé la limite de manière spectaculaire en permettant à des femmes, dont une ménopausée depuis cinq ans, de produire à nouveau des œufs, rapport New Scientist. Ce "rajeunissement ovarien" plein de promesses pratiqué par l'équipe du Dr Sfakianoudis pourrait permettre aux femmes prématurément ménopausées ou à celles qui ont dépassé l'âge habituel d'enfantement de donner la vie. La technique engendre aussi une résurgence des menstruations.

Un cocktail riche en plaquettes pour raviver les ovaires

La trouvaille des chercheurs implique l'injection d'un mélange concentré d'un plasma riche en plaquettes (PRP) qui stimule la régénération des tissus. Le procédé PRP n'est pas nouveau et déjà utilisé pour les traumatismes liés au sport, comme le rappelait, entre autres, la Revue médicale suisse. Mais ici le cocktail de jouvence n'est pas injecté dans le genou, mais dans les ovaires de la patiente.

Un résultat spectaculaire a été constaté chez une patiente ménopausée depuis cinq années. "J'avais une patiente de 40 ans ménopausée depuis cinq ans", explique à New Scientist le Dr Sfakianoudis. "Six mois après l'injection, du PRP dans ses ovaires, elle avait ses premières règles depuis sa ménopause."

A ce stade, les médecins ont recueilli trois ovules. Deux ont été fertilisés avec succès in vitro avec le sperme du mari. Les œufs fécondés sont pour l'heure conservés dans la glace en attendant qu'un troisième puisse suivre le même chemin. Ensuite, les trois œufs seront implantés dans l'utérus de la patiente.

D'autres femmes, non ménopausées, mais qui avaient subi plusieurs fausses-couches et échecs de fécondation in vitro, ont aussi bénéficié de la nouvelle technique. Les œufs ont, là aussi, été implantés dans leurs utérus et trois en sont parvenus sans encombre à six mois de grossesse.

Jusqu'où repousser l'âge de procréation?

Si le petit panel de femmes traitées par l'équipe grecque avait pour dénominateur commun des problèmes médicaux entravant leur capacité reproductrice, la prorogation de la fertilité féminine pose la question de sa limite.

A la naissance, une femme possède une réserve moyenne d'ovocytes évaluée à un million. Environ 1.500 ovules sont évacués chaque mois lors du cycle menstruel au plus fort de la fertilité féminine. Puis cette libération décroît rapidement. A 30 ans, 70.000 ovocytes sont encore disponibles, puis 30.000 à 35 ans et 25.000 à 37 ans et demie. A cinquante ans, les grossesses naturelles sont rares. C'est pourquoi certaines prennent la précaution de faire congeler leurs ovocytes pour une future fécondation in vitro.

En France, l'article L.2141-11 du Code de la santé publique modifié par la loi 2011-814 du 7 juillet 2011, ne permet cette vitrification préventive que dans des cas précis. Ainsi, seules les femmes subissant un traitement (par exemple une chimiothérapie) conduisant à une infertilité peuvent bénéficier du "recueil et de la conservation de ses gamètes ou de ses tissus germinaux en vue de la réalisation ultérieure, à son bénéfice, d'une assistance médicale à la procréation". D'où les voyages, par exemple en Espagne, de nombreuses mamans tardives.

Le problème moral posé par l'injection PRP est fondamentalement le même que pour les techniques de procréation assistées précédentes. A cette nuance près qu'il repousse encore un peu la limite d'âge. Mais d'un autre côté, il offre aux femmes surprises par une ménopause précoce et imprévue un recours supplémentaire. Le débat continue.

David Namias