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Maine-et-Loire: la justice reconnaît l'origine professionnelle d'un cas de Parkinson lié aux pesticides

Le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, le 7 septembre 2019.

Le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, le 7 septembre 2019. - BFMTV

Le frère de l'ancien employé arboricole, malade de Parkinson et mort l'an dernier à 74 ans, souhaite que la décision contribue à "faire évoluer la législation sur les maladies professionnelles liées aux produits phytosanitaires".

Marcel Geslin, un ancien employé arboricole, mort l'an dernier à 74 ans, a obtenu ce lundi la reconnaissance par la justice de l'origine professionnelle de sa maladie de Parkinson.

"Ce n'est pas qu'une victoire pour l'honneur. Nous souhaitons qu'elle contribue à faire évoluer la législation sur les maladies professionnelles liées aux produits phytosanitaires, afin que ce qui est arrivé à mon frère n'arrive plus", a commenté auprès de l'AFP Michel Geslin, frère et tuteur de Marcel.

"Il travaillait dans les rangs pendant et après les traitements"

C'est lui qui a mené le combat administratif pour obtenir cette reconnaissance devant le Tribunal des affaires de sécurité sociale (Tass) du Maine-et-Loire. Employé pendant 37 ans dans la même entreprise arboricole à Loiré, à l'ouest d'Angers, où il a passé toute sa vie, Marcel Geslin était préposé à l'entretien des vergers, la taille, l'éclaircissage, la cueillette...

"Il ne manipulait pas lui-même les produits phytosanitaires. Mais comme tous les employés à l'époque, il travaillait dans les rangs pendant et après les traitements", rapporte Michel Geslin.

Apparus en 2008 après son départ en retraite, ses troubles ont été diagnostiqués "de type Alzheimer" avant d'être requalifiés en "maladie de Parkinson" quelques années plus tard, entraînant l'ouverture d'une demande de reconnaissance en maladie professionnelle provoquée par les pesticides.

"La MSA disposait de tous les avis des spécialistes"

"Cette reconnaissance nous a été refusée une première fois en 2017 parce que le certificat initial de son médecin traitant n'avait fait mention que de 'troubles de mémoire'. Alors même que la MSA (Mutualité sociale agricole) disposait de tous les avis des spécialistes", regrette Michel Geslin.

Un deuxième refus sera opposé à la famille en 2018 pour des questions de délai d'instruction. C'est l'avis du Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles de Bretagne, où le cas de Marcel Geslin a été délocalisé, qui se révélera décisif.

"C'est un cas emblématique car il montre que les organismes de protection sociale agricole, bien que parfaitement informés, préfèrent laisser filer. Pour qui veut faire reconnaître sa maladie, c'est un parcours du combattant", assure Michel Besnard, porte-parole du Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l'Ouest, lequel revendique 14 reconnaissances auprès des Tass de la région depuis sa création il y a quatre ans.

A l'échelle nationale, il n'existe aucune donnée statistique publique sur les maladies professionnelles liées aux produits phytosanitaires. En 2017, Patrice Heurtaut, directeur de la santé-sécurité au travail de la MSA avait indiqué qu'elles représentaient "2% des maladies professionnelles déclarées au titre du régime agricole".

En revanche, l'agence nationale de santé publique relevait en avril 2018, à l'issue d'une enquête menée avec l'Inserm, que l'incidence de la maladie de Parkinson était 13% plus élevée chez les exploitations agricoles que dans la population générale, même si les scientifiques demandaient des études complémentaires pour affiner leurs résultats. 

Phytovictimes, autre association d'aides aux victimes professionnelles, a recensé 429 dossiers depuis sa création en 2011, dont 92 pour des maladies de Parkinson.

Liv Audigane avec AFP