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Les marins-pompiers de Marseille, experts en dépollution

Casque sur la tête, tenue imperméable, les marins-pompiers de Marseille installent un long barrage de plastique souple de couleur orange sur les eaux cristallines de la calanque de Morgiou. Cet exercice contre la pollution maritime est réalisé chaque anné

Casque sur la tête, tenue imperméable, les marins-pompiers de Marseille installent un long barrage de plastique souple de couleur orange sur les eaux cristallines de la calanque de Morgiou. Cet exercice contre la pollution maritime est réalisé chaque anné - -

par Elizabeth Pineau MARSEILLE (Reuters) - Casque sur la tête, tenue imperméable, les marins-pompiers de Marseille installent un long barrage de...

par Elizabeth Pineau

MARSEILLE (Reuters) - Casque sur la tête, tenue imperméable, les marins-pompiers de Marseille installent un long barrage de plastique souple de couleur orange sur les eaux cristallines de la calanque de Morgiou.

Un exercice contre la pollution maritime réalisé chaque année, au cas où. Et pour la vingtaine de sauveteurs encadrés par une dizaine d'instructeurs, une spécialisation adaptée aux réalités marseillaises.

Le centre de la deuxième ville de France est à 20 minutes en voiture et le troisième port pétrolier du monde, à quelques encablures des superbes falaises où l'on vient se promener parmi les pins sauvages et les genêts en fleurs.

"Ici, le premier risque, c'est le feu. Mais quand on sait qu'un quart du trafic mondial d'hydrocarbures passe par la Méditerranée, le risque de pollution est réel, ce n'est pas un fantasme", explique Guy Teissier, député UMP et président du Groupement d'intérêt public (GIP) des calanques.

Les habitants de Morgiou, l'une des rares calanques habitées à l'année, se souviennent du grand incendie de 1979 qui détruisit leur coin de paradis.

Ils racontent aussi avoir souvent été surpris, enfants, par des plaques de fioul pendant leurs bains de mer. Au pied d'un amas de rocher, du mazout transformé en goudron témoigne de cette pollution, qui n'a pas disparu.

Réalisé pour la première fois dans une calanque, l'exercice des marins-pompiers de vendredi a mis en scène trois embarcations, dont une fournie par Total.

Le groupe pétrolier, propriétaire de la raffinerie voisine de La Mède, a un partenariat avec les marins-pompiers et la ville de Marseille en matière de lutte contre la pollution aux hydrocarbures.

UN PÊCHEUR GROGNON

Outre le barrage flottant, les stagiaires ont installé un filtre capable de séparer eau et pétrole ainsi qu'une tente abritant un machine à nettoyer les oiseaux mazoutés.

Venus par curiosité, une poignée de riverains ont regardé l'exercice d'un oeil sceptique.

"Si le vent soufflait fort en venant de la mer, le pétrole viendrait jusqu'à mon cabanon, tous leurs trucs ne serviraient à rien", a dit l'un d'eux, venu avec son chien.

Son voisin, Paul Bringold, a placé sur la falaise une pancarte "Non au parc". Une façon de dire son refus du projet controversé de création d'un Parc national des calanques, premier parc national périurbain d'Europe, qui devrait voir le jour d'ici la fin de l'année.

"Au lieu de ces interdictions, ils feraient mieux de réparer les égouts qui se déversent dans la mer et d'entretenir les forêts", grogne le pêcheur, qui vit ici depuis les années 1960.

Les marins-pompiers auront leur rôle à jouer dans l'entretien du parc, notamment destiné à préserver une faune et une flore fragiles dans un environnement très urbanisé.

Forte de 205 hommes, la section opérationnelle de dépollution de Marseille a été créée après la catastrophe du tanker Amaco Cadiz qui souilla les côtes bretonnes en 1978.

"Elle peut intervenir n'importe où, en cas de pollution ou d'inondation", explique le commandant François Le Duff, chef de la section, notamment intervenue lors des inondations de l'été dernier dans le Var.

Des incendies de forêt aux pollutions chimiques en passant par l'aide aux personnes et les accidents de voiture, les 2.400 marins pompiers de Marseille ont réalisé l'an dernier près de 110.000 interventions.

Leur statut est unique en France. Unité militaire de la Marine nationale affiliée au ministère de la défense, ils sont placés sous l'autorité du maire de Marseille pour assurer des missions sur toute la commune, aéroport de Marignane et site de la société Eurocopter compris.

Hommes et matériel coûtent chaque année, selon Guy Teissier, 80 millions d'euros par an à la ville de Marseille.

Edité par Patrick Vignal