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Les grandes marées en cinq questions

Les vagues se brisent contre un immeuble en bord de mer de Saint-Malo, le 20 mars 2015.

Les vagues se brisent contre un immeuble en bord de mer de Saint-Malo, le 20 mars 2015. - Marcel Mochet - AFP

Les grandes marées vont déferler sur toute la façade ouest de la France dès vendredi et tout ce week-end et promettent des images grandioses. Mais connaissez-vous vraiment ce phénomène spectaculaire?

Au-delà du spectacle, connaissez-vous bien les phénomènes des marées? Qu'elles soient la conséquence de l'attraction gravitationnelle de la Lune et du Soleil sur les océans est un fait connu. Et quand la Terre, la Lune et le Soleil son alignés, l'effet est encore plus fort, d'où ce phénomène de "grandes marées" que l'ont pourra observer ce week-end le long des côtes de l'Atlantique, de la Manche et de la Mer du Nord, au lendemain de l'éclipse solaire de vendredi.

Mais à propos des marées, certaines vieilles lunes ont la vie dure. Le point en cinq questions pour démêler le vrai du faux.

Peut-on vraiment parler de la "marée du siècle"?

FAUX. Si les forts coefficients, jusqu'à 119 sur 120 par endroits, affolent les foules, ce phénomène de "marée du siècle" revient en réalité tous les 18 ans quand l'alignement de notre planète, son satellite et du Soleil est parfait. Une configuration dont la dernière occurrence remonte au 10 mars 1997 et qui se répétera encore le 3 mars 2033 et le 14 mars 2051. Reste que comme le flux et le reflux des eaux promettent d'être d'une amplitude exceptionnelle, le terme de "marée du siècle" incline, judicieusement, à la prudence.

Un fort coefficient est-il synonyme de catastrophe?

FAUX. La réalité n'est pas aussi simple. Mais il est exact qu'une forte marée peut être un facteur aggravant. Ainsi, lors de la tempête Xynthia en 2010, le coefficient de 102 indiquant une marée haute de vives-eaux a joué son rôle. La conséquence a été une submersion qui a causé la mort de 59 personnes. Mais la marée n'est pas à l'origine des tempêtes hivernales.

Une marée haute à Brest provoque une marée basse à New-York?

FAUX. L'eau ne monte pas d'un côté pour descendre de l'autre comme dans une bassine que l'on pencherait. Mais la masse d'eau se soulève et s'abaisse bien sous l'effet de la gravitation faisant fluctuer le niveau. Des courants de marée sont alors engendrés, mais il ne s'agit pas à proprement parler d'un déplacement vers New York ou Brest de l'énorme masse d'eau de l'océan Atlantique.

Les grandes marées risquent-elles d'amplifier les effets du réchauffement climatique?

VRAI. C'est ce qui ressort d'une étude de 2008 de l'IRD, (Institut de Recherche pour le Développement). On le sait, sous l'effet d'une augmentation de la température, l'océan va se dilater et le niveau de l'eau va monter, menaçant à terme de vastes portions du littoral mondial. Et le cycle des marées pourrait amplifier le phénomène, au cours d'une première phase d'une dizaine d'années. Sur certaines côtes où le marnage (différence entre marée haute et marée basse) est important, comme dans la baie du Mont-Saint-Michel, le cycle de 20 ans mis en lumière par l'étude laisse présager d'une une élévation du niveau de pleine mer de plus de 50 centimètres.

Le relief des côtes influence-t-il la force des marées?

VRAI. Dans la baie du Mont-Saint-Michel, dans celle de Fundy au Canada, la mer peut se retirer sur 12 kilomètres, tandis que le relief particulier des côtes produit un effet d'entonnoir. La différence entre les hautes et basses eaux peut atteindre 14 mètres.