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Les Chinois entre regret et colère après le retrait de Google

Devant le siège de Google à Pékin. Les jeunes professionnels du principal centre de technologies de l'information de Pékin étaient partagés mardi entre regret, colère et surprise après la décision de Google de transférer ses services de recherche chinois

Devant le siège de Google à Pékin. Les jeunes professionnels du principal centre de technologies de l'information de Pékin étaient partagés mardi entre regret, colère et surprise après la décision de Google de transférer ses services de recherche chinois - -

par Ben Blanchard PEKIN - Les jeunes professionnels du principal centre de technologies de l'information de Pékin étaient partagés mardi entre...

par Ben Blanchard

PEKIN (Reuters) - Les jeunes professionnels du principal centre de technologies de l'information de Pékin étaient partagés mardi entre regret, colère et surprise après la décision de Google de transférer ses services de recherche chinois vers Hong Kong.

Le gouvernement chinois a rapidement réagi en prévenant le géant d'internet que sa décision, prise pour pouvoir fournir des résultats de recherche non censurés, avait rendu furieux le Parti communiste au pouvoir qui ne compte pas relâcher son emprise sur les 384 millions d'internautes chinois.

Mais pour beaucoup de Chinois diplômés, en particulier pour les plus jeunes, Google était un site de recherche apprécié malgré la domination de son rival chinois Baidu sur le marché intérieur.

Nombre d'entre eux redoutent que la décision de Google ne s'étende également à ses autres services, de la messagerie à sa bibliothèque en ligne.

"C'est une décision regrettable", estime Chen Wen, 28 ans, qui travaille dans le secteur de la finance dans le quartier de Zhongguancun où se trouvent les bureaux de Google.

"Mais je pense que c'était inévitable. Le gouvernement n'allait pas transiger avec la censure", explique-t-il. "La Chine a besoin de cette entreprise. C'est une grande perte pour le pays."

Google avait menacé le 12 janvier dernier de quitter la Chine si Pékin ne proposait pas une version non censurée de son portail de recherche google.cn. Lundi, l'entreprise américaine a annoncé que le trafic de son site était réorienté vers le site google.com.hk.

"Le gouvernement finira par bloquer l'accès à tous les services de Google", prédit You Chuanbo, 25 ans, employé d'une entreprise d'informatique et utilisateur régulier de Google et Baidu.

VIVES RÉACTIONS SUR INTERNET

Au siège de Google Chine, la plupart des stores étaient baissés. Quelques employés scrutaient la rue derrière les rideaux et prenaient des photos des journalistes amassés en bas.

Un homme s'est avancé pour déposer des fleurs devant l'enseigne de Google, se disant "très triste".

D'autres passants s'arrêtaient pour prendre des photos du bâtiment avec leur téléphone portable.

"J'utilise Google en anglais tous les jours pour faire des recherches", explique un ingénieur en technologies de l'information, Wang Fei. "J'en ai besoin pour mon travail et je suis inquiet de ce qui va se passer."

Les réactions étaient plus vives sur internet qui a vu émerger des débats passionnés depuis le début de la crise il y a deux mois.

"Hong Kong est un territoire chinois. Dépêchons-nous et quittons la Chine une bonne fois pour toutes !", écrit ainsi un lecteur du site du journal Global Times (www.huanqui.com).

D'autres internautes félicitent l'entreprise américaine.

"Les internautes chinois vous saluent, Google. Vous êtes très courageux", écrit un blogueur, Tingting, sur le portail sina.com.cn.

Un autre, Peng Deng, prédit que le gouvernement finira par perdre sa bataille. "En ligne, tout est possible. Il n'y a aucun moyen pour le gouvernement de bloquer la technologie à des millions d'utilisateurs", écrit-il.

Marine Pennetier pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse