BFMTV
Sciences

Les animaux moches seraient moins étudiés par les scientifiques que les autres

"Pteropus poliocephalus" est une chauve-souris originaire d'Australie (illustration)

"Pteropus poliocephalus" est une chauve-souris originaire d'Australie (illustration) - Greg Wood - AFP

L'image positive ou négative des espèces influence les recherches, comme le pointe une étude australienne.

Les animaux "moches" font l'objet de moins d'études scientifiques que les autres, selon une étude australienne publiée le 6 mars, et repérée par Le Monde.

Les chercheurs ont classé 331 mammifères terrestres australiens en trois catégories: les beaux, les mauvais et les moches. Selon leurs conclusions, publiées dans la Mammal Review, le troisième groupe, qui comprend 83 sortes de chauves-souris et diverses espèces de rongeurs, fait l'objet de moins d'observations scientifiques. Et pourtant, comme le souligne l'étude, ces animaux "moches" représentent pas moins de 45% des espèces prises en compte. Ils "ont reçu très peu d'attention au-delà de leurs descriptions taxonomiques", note le rapport qui souligne que leur comportement mal compris en fait des animaux complexes à étudier. Pourtant, la bonne connaissance des espèces et de ce qui les menace participe de leur conservation.

Les financements mis en cause

Les animaux jugés "beaux", comme les kangourous, les koalas et les monotrèmes, sont donc plus étudiés, et avant tout sur leur physiologie et leur anatomie. Pas moins de 73% des publications étudiées portent par exemple sur les marsupiaux. Quant aux "mauvais", les espèces invasives comme le renard et la souris, ils font plutôt l'objet d'analyses écologiques, qui reviennent sur leur place dans un écosystème.

Comment expliquer cette discrimination? Par la distribution des financements, d'après les chercheurs. Les espèces invasives "coûtent à l'économie australienne, au moins 270 millions de dollars australiens (plus de 180 millions d'euros, Ndlr) liés à des pertes agricoles", chaque année, ce qui explique qu'on s'y intéresse. Quant aux espèces qui séduisent un public plus large, elles assureraient le succès des études, contrairement aux animaux moins charismatiques.

Pourtant, ces derniers font aussi la richesse de la faune australienne, regrettent les auteurs de l'étude. Les recherches mondiales "ne reflètent pas forcément l'évolution des besoins de la recherche mais ont tendance à suivre l'argent'", dénoncent les scientifiques.

A. D.