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Le PS tente de faire front dans la tempête

Le Parti socialiste s'efforce lors de son 76e congrès qui s'est ouvert vendredi à Toulouse de faire bloc derrière l'exécutif, accusé par l'opposition de multiplier les couacs et de mener une politique fiscale aggravant la crise. /Photo prise le 25 août 20

Le Parti socialiste s'efforce lors de son 76e congrès qui s'est ouvert vendredi à Toulouse de faire bloc derrière l'exécutif, accusé par l'opposition de multiplier les couacs et de mener une politique fiscale aggravant la crise. /Photo prise le 25 août 20 - -

par Gérard Bon TOULOUSE (Reuters) - Le Parti socialiste s'efforce lors de son 76e congrès qui s'est ouvert vendredi à Toulouse de faire bloc...

par Gérard Bon

TOULOUSE (Reuters) - Le Parti socialiste s'efforce lors de son 76e congrès qui s'est ouvert vendredi à Toulouse de faire bloc derrière l'exécutif, accusé par l'opposition de multiplier les couacs et de mener une politique fiscale aggravant la crise.

Pour ce premier congrès depuis l'élection de François Hollande, plus de 3.000 militants et élus, ainsi que la plupart des ministres, sont présents ou attendus dans la "Ville rose".

Sigmar Gabriel, le chef du SPD, le principal parti allemand d'opposition et le patron de la gauche italienne Pier Luigi Bersani devraient affirmer dans l'après midi "l'unité du combat des socialistes en Europe et dans le monde contre la financiarisation de l'économie".

Mais nombre de militants ont plutôt à l'esprit la pluie de critiques sur une supposée cacophonie permanente au sein de la majorité et moult reculades, comme le droit de vote sur les étrangers ou le rapport Gallois sur la compétitivité.

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a lui-même nourri le procès d'amateurisme fait à la gauche en annonçant mercredi l'invalidation de la loi sur le logement social avant même que le Conseil constitutionnel ne se prononce.

Face à la tempête, le PS, se veut serein, dénonçant les "vociférations" et les "caricatures" de la droite.

"Notre congrès sera le signal d'une nouvelle offensive des socialistes pour soutenir l'action courageuse de François Hollande et du gouvernement en France et en Europe contre la crise et pour la justice", a déclaré son porte-parole, David Assouline.

Dans Le Monde daté de vendredi, le député Jean-Christophe Cambadélis, rival malheureux du nouveau premier secrétaire Harlem Désir, estime que le Premier ministre a "de l'autorité, du doigté, de la combativité, de l'imagination".

"Il fallait juste un peu de temps pour que l'on s'en aperçoive", ajoute-t-il.

Sur le plan interne, les militants sont appelés à introniser Harlem Désir, qui succède à Martine Aubry et n'a guère suscité leur enthousiasme, en raison notamment de sa pré-désignation en amont d'un vote bloqué.

Le nouveau patron du PS, qui entend néanmoins surprendre, promet un congrès de "rassemblement et de combat" et entend faire la "synthèse" en proposant d'associer toutes les sensibilités à la prochaine direction.

"PATRON" OU "PAILLASSON" ?

Il a en tout cas la confiance de François Hollande, pour qui Harlem Désir est un "vrai" patron et non un premier secrétaire "paillasson".

L'ancien président de SOS Racisme est "débarrassé de deux générations, celle des anciens, comme Martine Aubry, Laurent Fabius et moi-même, et celle des ministres qui sont aujourd'hui au gouvernement", a jugé le chef de l'Etat devant des proches.

"Dans les candidats, c'était le seul possible car le seul acceptable par le président, la chenille va peut être se transformer en papillon", veut croire un ministre.

Pour Ségolène Royal, Toulouse est avant tout un "congrès d'apaisement", quatre ans après celui de Reims, qui avait vu Martine Aubry la battre de quelques voix dans des conditions contestées.

Martine Aubry ayant lancé avant son départ, avec le concours de Jean-Marc Ayrault, un motion de rassemblement qui a reçu l'aval de la quasi totalité des ténors et "éléphants" du parti, le congrès de Toulouse est dépourvu d'enjeu.

Harlem Désir, 52 ans, a bénéficié du forfait du chef de file de l'aile gauche, le ministre de l'Economie sociale et solidaire Benoît Hamon, qui n'a pas présenté de motion en échange d'une trentaine de postes sur 204 au conseil national.

Le premier secrétaire a obtenu une victoire sans relief (72,45%) face à Emmanuel Maurel (27,55%), 39 ans, qui a repris de flambeau de la gauche du parti.

Il doit maintenant s'efforcer d'imprimer sa marque sur un parti revenu au pouvoir, après dix ans d'opposition et asseoir sa légitimité, mais sans gêner l'exécutif.

Le nouveau dirigeant a promis de poursuivre la rénovation entreprise par Martine Aubry - notamment sur la parité - et de faire du PS une force de proposition et de débat en évitant de tomber dans le piège d'un "parti godillot".

Derrière Emmanuel Maurel, une partie de l'aile gauche - dont 29 députés n'ont pas voté le 9 octobre, malgré les pressions, le traité européen - compte toujours se faire entendre au congrès.

Elle critique la "rigueur" découlant de l'objectif d'un déficit de 3% du PIB en 2013, demande le non-cumul des mandats tout de suite et prône la possibilité pour l'"Etat stratège" de recourir à des nationalisations d'entreprises en difficulté.

édité par Patrick Vignal