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Le PS à la recherche d'un consensus sur les retraites

Après avoir raté le coche en 1997 et en 2003, les socialistes assurent qu'ils seront cette fois au rendez-vous de la réforme des retraites mais refusent, le temps de trouver un consensus interne, de se plier à l'agenda de la droite. /Photo d'archives/REUT

Après avoir raté le coche en 1997 et en 2003, les socialistes assurent qu'ils seront cette fois au rendez-vous de la réforme des retraites mais refusent, le temps de trouver un consensus interne, de se plier à l'agenda de la droite. /Photo d'archives/REUT - -

par Laure Bretton PARIS - Après avoir raté le coche en 1997 et en 2003, les socialistes assurent qu'ils seront cette fois au rendez-vous de la...

par Laure Bretton

PARIS (Reuters) - Après avoir raté le coche en 1997 et en 2003, les socialistes assurent qu'ils seront cette fois au rendez-vous de la réforme des retraites mais refusent, le temps de trouver un consensus interne, de se plier à l'agenda de la droite.

Martine Aubry, que la victoire de la gauche aux élections régionales a solidement installée à la tête du parti, entend montrer que le PS est capable de contre-propositions crédibles, avec à la clé pour elle un supplément de stature présidentielle.

Le dernier gouvernement de gauche en date, dont elle était un pilier entre 1997 et 2002 en tant que ministre des Affaires sociales, n'a pas osé toucher aux retraites.

En 2003, quand le gouvernement Raffarin s'attaque à la réforme, le PS est encore dans les affres du 21 avril 2002 qui a vu Lionel Jospin éliminé de la présidentielle dès le premier tour.

Ce qui est nouveau au PS en 2010, estime Olivier Ferrand, "c'est un discours global de responsabilité".

"Aujourd'hui, on sait qu'il n'y a aucune bonne solution et qu'il va falloir demander des efforts à quelqu'un: les retraités ou les actifs", explique le président de la fondation Terra Nova, un "think tank" socialiste.

La réforme des retraites a été inscrite à l'ordre du jour du Bureau national de mardi, mais aucun vote n'est prévu.

Une manière de ne pas mettre en exergue les divergences? "Je ne crois pas à une fracture au sein du parti sur cette question mais cela ne veut pas dire qu'il y a une pensée unique et aseptisée", se défend le député Christian Paul.

"Nous n'entendons pas subir l'agenda du gouvernement, qui mène à la catastrophe", ajoute le directeur du "Laboratoire des idées" du PS pour expliquer que le PS se hâte lentement.

LA BATAILLE DE LA DURÉE DE COTISATION

"La bonne démarche, c'est de ne pas parler avant le gouvernement", renchérit François Hollande pour qui "le PS doit être au clair sur les grands principes mais ce n'est pas à lui de présenter un projet de loi chiffré".

Les "lignes rouges" communes sont connues: consolider le système par répartition, ne pas toucher à l'âge légal du départ à la retraite, maintenir le niveau des pensions et taxer les revenus financiers.

Dans une tribune publiée cette semaine par Le Monde, le premier secrétaire évoque, entre autres, la piste d'une surtaxe de 10% sur l'impôt sur les sociétés acquitté par les banques.

Mais Martine Aubry, qui a entamé une série de consultations avec les syndicats, a fort à faire pour harmoniser les positions des différents courants.

Des membres de l'aile gauche du parti, pilotée par Benoît Hamon, ont signé, aux côtés de dirigeants du Parti communiste ou du NPA, le texte d'Attac et de la Fondation Copernic visant à "en finir avec l'actuel partage éhonté de la richesse au bénéfice des revenus financiers".

Comme eux, Vincent Peillon a fait savoir qu'il était opposé à tout allongement de la durée de cotisation mais l'idée séduit un nombre grandissant de cadres socialistes.

"Le système français a toujours privilégié le niveau de cotisation plutôt que la durée: on est à 25% contre 16% en Suède", fait valoir Olivier Ferrand, proche de Dominique Strauss-Kahn. A ses yeux, "ce qui est logique aujourd'hui, c'est de pousser la durée de cotisation".

"Si on y réfléchit, c'est un levier plus juste que de toucher l'âge légal de départ à la retraite", fixé à 60 ans, estime Marisol Touraine, chargée de rédiger une note de synthèse sur les retraites pour la réunion de mardi.

Parce qu'elle ne croit pas à une "réforme ultime" et pour renforcer la lisibilité du système, la député suggère d'importer le système suédois des "enveloppes oranges": tous les ans, les salariés reçoivent un état de leurs pensions et de l'évolution du système.

Edité par Jean-Baptiste Vey