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Le pompage de l'eau des nappes phréatiques perturbe aussi l'axe de rotation de la Terre

Notre planète "bleue", la Terre.

Notre planète "bleue", la Terre. - Wikimedia - CC

Une étude publiée en juin 2023 de la revue Geophysical Research Letters met en avant un nouveau lien entre activité humaine et l'axe de rotation de notre planète.

Le monde ne tourne plus correctement, et c'est de la faute de l'Homme. Notre activité a entraîné, de deux manières simultanées, un déplacement de près d'un mètre de l'axe de rotation de la terre. Si le rôle de la fonte des glaces était déjà un élément connu, les chercheurs de l'université de Séoul viennent de démontrer que le pompage excessif de l'eau installée dans les nappes souterraines joue aussi un rôle de poids. Des conclusions partagées le 15 juin au sein de la revue Geophysical Research Letters.

Entre 1993 et 2010, l'humanité a pompé 2150 gigatonnes d'eau dans ses réservoirs souterrains, principalement pour son agriculture. Seule, cette perturbation a décalé de 80 centimètres l'axe de rotation de la terre par rapport au méridien de Greenwich. Ce qui équivaut à 4 centimètres de changement par an environ.

La fonte des glaces a, quant à elle, entraîné un déplacement d'environ 7 centimètres par an. Ces deux facteurs cumulés, la variation devient beaucoup plus importante que l'oscillation naturelle de la planète bleue.

Mise en image du changement de l'axe de la terre provoqué par le pompage d'eau.
Mise en image du changement de l'axe de la terre provoqué par le pompage d'eau. © Geophysical research letters

Pour aider à visualiser le lien entre ces déplacements d'eau et modification de l'axe de rotation, les chercheurs sud-coréens utilisent une métaphore parlante:

"[C'est] comme si on ajoutait un tout petit peu de poids à une toupie, la Terre tourne un peu différemment lorsque l’eau est déplacée", illustrent les experts.

Hausse du niveau de la mer

L'étude souligne que deux zones sont particulièrement concernées par le pompage excessif, le nord-ouest de l'Inde et l'ouest de l'Amérique du Nord. Ces deux territoires connaissent des "diminutions significatives du stockage des eaux souterraines", pour répondre aux besoins industriels, textiles, agricoles et à la consommation d'eau potable.

Une fois l'eau remontée par l'Homme, une partie s'évapore, une autre s'infiltre dans les sols. Le reste est transporté par les cours d'eau et termine sa course dans les océans. Ceux-ci ont mécaniquement gonflé et vu leur niveau augmenter. En moyenne, le niveau de la mer a grimpé de 6,24 millimètres ces 20 dernières années.

Pas d'impact sur les saisons "pour l'instant"

Ces transformations sont-elles définitives? L'auteur principal Ki-Weon Seo juge qu'il faudrait plusieurs décennies de politiques de préservation des nappes phréatiques pour revenir en arrière.

Pour ce qui est des conséquences de ces changements, interrogée par Libération, la géophysicienne Kristel Chanard a jugé que la modification de l'axe de rotation de notre planète n'est "pour l'instant" pas suffisamment massive pour perturber le cycle des saisons. Mais son regard sur l'avenir est pessimiste.

"Ce phénomène risque de ne pas évoluer dans le bon sens à l'avenir, il faut le surveiller et mieux le comprendre", avertit la géophysicienne.

Autre point noir: même si l'humanité cessait de surexploiter ses réserves d'eaux souterraines, celles-ci ne retrouveraient pas leur état originel. Les cavités vidées de leur eau finissent par s'écraser et donc, ne plus pouvoir être remplies.

Tom Kerkour