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La taurine est extraite des testicules de taureau: pourquoi c'est faux

La référence au taureau est explicite sur les canettes de Red Bull.

La référence au taureau est explicite sur les canettes de Red Bull. - Daw Ashley- Flickr CC

POURQUOI C'EST FAUX 1/5 - Plus fort, plus endurant, plus rapide: la taurine est censée procurer à celui qui l'ingère un avantage physique significatif. Pas étonnant, puisque cette substance provient des testicules de taureau... Stop! C'est entièrement faux.

Laissons les organes reproducteurs bovins tranquilles. La "taurine" qui promet un regain d'énergie, d'endurance et de puissance et qui, selon le slogan d'une marque "donne des ailes", n'en provient pas. Pas plus que la corne de ces pauvres rhinocéros serait un remède contre l'impuissance. La confusion vient peut-être du fait qu'elle fut isolée en 1827 par les scientifiques allemands Friedrich Tiedemann et Leopold Gmelin à partir de bile de taureau. D'où son nom.

Présent aussi dans la bile d'autres animaux, dont celle de l'homme, cet acide aminé (ou présenté comme tel, car il s'agit en réalité d'un dérivé par oxydation d'un acide aminé soufré) joue un rôle essentiel pour le bon fonctionnement du cerveau, du système nerveux, des yeux et pour l'assimilation des lipides. Une étude de l'Inserm de 2009 montre que le rétablissement du taux de taurine dans le sang mis à mal par une médication permet de pallier la toxicité visuelle d'un antiépileptique donné à l'enfant. On lui prête encore des effets bénéfiques contre le mauvais cholestérol et l'hypertension.

A l'état naturel, la taurine est procurée par une alimentation équilibrée. Elle est ainsi présente dans les viandes, les produits laitiers et les huîtres, et à doses infimes dans les végétaux. Mais pour les besoins plus importants, elle peut aussi être synthétisée. C'est celle-là, obtenue par une série de réactions chimiques qui est présente dans les compléments et boissons dits "énergisants".

Tout est question de dosage

Outre sa présence naturelle dans certains produits, des compléments alimentaires vendus en pharmacie et le lait infantile en contiennent. Le but est de rétablir une teneur comparable à celle du lait maternel humain, qui en contient davantage que le lait de vache - 4,2 mg pour 100 ml pour le lait maternel contre 0,240 mg pour 100 ml. Cette dose est strictement réglementée par une directive européenne de 2006: "En cas d'ajout à des préparations pour nourrissons, la quantité de taurine ne doit pas être supérieure à 12 mg/100 kcal (ou 2,9 mg pour 100ml)", précise une directive européenne.

Le problème de la taurine concerne les concentrations plus élevées comme dans les boissons énergisantes de type Red Bull, qui peuvent renfermer jusqu'à 1.000 mg pour une canette de 250 millilitres. Des risques neurologiques et cardiaques avaient été pointés par l'Afssa (future Ansm) en 2003. La taurine avait alors été remplacée par de l'arginine, un autre acide aminé, dans le Red Bull. Avant un revirement en juillet 2008. En l'absence de nocivité constatée sur le long terme, la marque avait obtenu des autorités françaises le rétablissement de la recette originale.

En 2009, un avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a également tranché dans ce sens: "L’exposition à la taurine via la consommation régulière de boissons énergétiques ne devait pas susciter d’inquiétude en termes de sécurité". Une dose maximum de 3.000 mg par jour est établie comme restant sans danger.

Des effets sur la performance sportive contestés

Boissons énervantes ou boissons énergisantes? Telle est la question. L'écrasante majorité de ces boissons contiennent de forts taux de caféine et beaucoup de sucre. D'où les risques cardiaques induits et le fait que ces boissons sont déconseillées aux malades, aux femmes enceintes et aux enfants.

Le gain de performance promis par ces boissons est-il vérifié? Rien n'est moins sûr. En théorie, la taurine favorise l'influx nerveux, améliore l'oxygénation et l'endurance. Un rapport de l'Anses de 2013 (p.4) rapporte pour sa part que la taurine a un effet "GABAergique". Il y aurait à la fois une "inhibition du système nerveux central et une excitation neuronale. "L’administration chronique de taurine entraînerait une désensibilisation des récepteurs induisant une hyperexcitation neuronale", est-il précisé. En clair, on soupçonne la taurine administrée à forte dose de favoriser les "crises comitiales", soit l'épilepsie.