La sécheresse menace: inquiétude des agriculteurs

Avec des températures environ 9 degrés au dessus des normales de saisons, la France connaît un mois d’avril digne de l’été. Si les vacanciers s'en réjouissent, les agriculteurs eux s’inquiètent de l’arrivée de la sécheresse. Reportage dans la Sarthe, où les éleveurs peinent à trouver de la nourriture pour leurs bêtes.

Records de températures depuis près de 100 ans à Bordeaux, terrasses prises d’assaut, températures avoisinant les 30°C dans le sud… La France est marquée par une vague de chaleur inhabituelle pour un mois d'avril. Si certains sont ravis de pouvoir profiter de ces températures estivales, d’autres s’inquiètent de ne pas voir un nuage noir à l’horizon. En effet, à cause de ces records, la sécheresse menace de faire son apparition au nord d’une ligne Biarritz-Strasbourg. Dans cette zone, 58 % des nappes phréatiques affichent un niveau inférieur à la normale. L'Essonne et la Seine-et-Marne ont demandé aux agriculteurs d'arrêter l'irrigation, tandis qu'en Charente-Maritime, les agriculteurs doivent désormais prélever l'eau la nuit.

« J'ai dû me séparer d’une partie de mon cheptel »

Dans la Sarthe, les agriculteurs s’inquiètent de plus en plus de ce manque de pluie. Depuis le début de l’année, le déficit d’eau atteint 30% et les exploitants peinent à trouver de la nourriture pour leurs bêtes. Pierre Vaugarny est éleveur et possède un cheptel de 150 bêtes dans la petite commune de Courceboeufs dans la Sarthe. Pour lui, ces records de chaleur sont une catastrophe : « Il me reste quatre bottes de foin. En temps normal sur l’année, il m'en faut entre 700 et 800, ce qui veut dire qu’il n’y a clairement plus de stock ». La situation est telle que cet éleveur a même dû se séparer d’une dizaine de vaches parce qu’elles « ne feront pas de veaux » . Pourtant, « se séparer d’une partie de son cheptel c’est toujours un crève-cœur », avoue-t-il.

Inquiet pour « la reconstitution des stocks de l’hiver prochain »

Même si ces records de températures ne sont pas présents depuis très longtemps, les conséquences du manque d'eau se font déjà lourdement sentir. Michel Doton, responsable de la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles dans la Sarthe, est lui aussi très inquiet pour l’année à venir : « Aujourd’hui compte tenu de la situation de sécheresse, 100% de la surface sera exploitée pour le pâturage. Or normalement, la moitié devrait être utilisée pour la reconstitution des stocks de foin afin de nourrir les bêtes l’hiver prochain ». Pire, il craint même qu’aujourd’hui, « les surfaces exploitées ne suffisent plus pour assurer l’alimentation journalière des animaux ».

La Rédaction, avec Thomas Chupin