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La sécheresse commence à attaquer nos maisons

Les bâtiments construits sur de l'argile se tassent en même temps que la terre quand celle-ci manque d’eau...

Les bâtiments construits sur de l'argile se tassent en même temps que la terre quand celle-ci manque d’eau... - -

Agriculteurs et éleveurs sont inquiets. Mais ils ne sont pas les seules victimes potentielles de la sécheresse. Les propriétaires de pavillons ont aussi du souci à se faire. Avec la sécheresse, certaines maisons se fissurent. Un mal peu connu et qui coûte cher…

Le problème concerne les maisons bâties sur des sols argileux. Le principe est simple: les bâtiments construits sur de l'argile se tassent en même temps que la terre quand celle-ci manque d’eau. Et, lorsque l’eau regonfle les sols, le sol bouge, devient instable, le bâtiment est fragilisé et les murs ne résistent pas. Des fissures apparaissent. Les maisons peuvent alors devenir dangereuses et inhabitables.
Il faut souvent faire d'importants travaux, notamment consolider les fondations de la bâtisse. Certaines, trop endommagées, sont démolies et reconstruites.

« 70 à 80% des maisons individuelles françaises peuvent être touchées »

Selon Pascal Théreur, secrétaire de l’Association de défense des victimes de la sécheresse de Montigny-lès-Cormeilles (Val-d'Oise), « il y a entre 70 et 80% des maisons individuelles françaises qui peuvent être soumises à ce problème. Et certaines régions sont touchées : beaucoup l’Ile-de-France, le Midi-Pyrénées, le Gard, l’Ardèche… Un coût réparatoire d’une maison en sécheresse, ça peut aller, au bas mot, de 80 000 euros à 250 000 euros. Ce problème est considéré comme le deuxième budget d’indemnisation de la part des assurances, après les inondations ; c’est énorme. »

« Ma maison se fissure et penche d’un côté… »

Marie-Josée habite Yerres dans l'Essonne. Elle a vu apparaître des fissures après la sécheresse de 2009. Mais sa commune n'ayant pas encore été classée en état de catastrophe naturelle, elle ne peut pas être indemnisée et attend donc pour faire les travaux (montant estimé : 90 000€) : « Les fissures, c’est plus des fissures, c’est très large, ca s’est vraiment agrandi, explique-t-elle en riant, avant d’ajouter : je rigole, mais c’est pas drôle. Et en plus le sol commence à se fissurer. C’est la conséquence de la sécheresse qui a commencé en 2009-2010 et aujourd’hui c’est encore plus fort. C’est angoissant parce qu’on se demande jusqu’où ça va aller. La maison se fissure de façon horizontale sur les 4 murs et sur 2 étages. En plus elle penche d’un côté. Aux niveaux de la terrasse et du sol de la salle à manger, on voit qu’elle s’est enfoncée dans le sol de 2 cm pratiquement. »

« D’abord demander à sa mairie le classement de la ville en catastrophe naturelle »

Pour bénéficier d'indemnisation de la part des assurances, le processus est long et rigoureux, souligne Frédéric Arragon, président de l’Association de défense des victimes de la sécheresse de Montigny-lès-Cormeilles : « Il ne faut pas commencer par appeler son assurance, il faut d’abord contacter sa mairie, par écrit, en disant : j’ai des fissures qui sont apparues sur ma maison, je pense que ça vient d’un phénomène de sécheresse ; pouvez-vous demander le classement de la commune en catastrophe naturelle. Les assurances ne prennent en compte le dossier qu’au moment où la ville est classée catastrophe naturelle. Le jour où l’arrêté passe on n’a que 10 jours pour prévenir son assurance. On ne peut pas dire que c’est très compliqué ; c’est une procédure rigoureuse à suivre, c’est très long, c’est un parcours du combattant, de longue halène. »

La Rédaction, avec Emilie Valès