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La Nasa prévoit de mettre l'ISS à la retraite en 2031 en la faisant s'écraser dans le Pacifique

La station spatiale ISS.

La station spatiale ISS. - -

L'agence américaine entend ainsi passer le flambeau au secteur privé.

Un véritable saut de l'ange pour une fin en beauté. La Nasa a annoncé que les missions de la station spatiale internationale (ISS) se termineront en 2031. Dans un rapport remis au Congrès américain, elle détaille les obsèques de la station spatiale: un crash au milieu de l'Océan Pacifique.

Occupée sans interruption depuis 2000, d'ici à 2030, l'ISS sera trop coûteuse à entretenir, notamment pour assurer la sécurité des astronautes à bord. Il était déjà prévu que son fonctionnement prenne fin en 2015, mais il a finalement été prolongé l'an dernier, après l'installation d'un nouveau module.

Destination: point Nemo

L'aventure de l'ISS prendra fin au point Nemo. Nommé d'après le célèbre commandant de sous-marin imaginé par Jules Verne dans Vingt mille lieues sous les mers, il s'agit du pôle maritime d'inaccessibilité, c'est-à-dire le point dans l'océan le plus éloigné des terres émergées, à 2700 km environ.

D'ailleurs, les humains les plus proches de ce point sont régulièrement les occupants de l'ISS puisque celle-ci tourne en orbite entre 330 et 410 km environ au-dessus de la surface du globe. Le point Nemo constitue ainsi déjà le cimetière de nombreux engins spatiaux. On estime que les États-Unis, la Russie, le Japon et les pays européens y ont coulé plus de 260 débris spatiaux depuis 1971, selon CNN.

Le crash est prévu pour janvier 2031, annonce la Nasa. Toutefois, l'ISS commencera sa redescente sur Terre dès octobre 2026, rapporte CBSNews. En effet, pour se maintenir sur une orbite stable, la station vole actuellement à une vitesse d'environ 28.000 km/heure. La Nasa prévoit ainsi de ralentir les modules pour enclencher un processus précis de désorbitage vers la Terre.

Des stations spatiales privées à la succession

Si la Nasa pointe sa vetusté, une autre raison justifie la fin de l'ISS: l'ascendance du secteur privé dans le domaine spatial. L'agence américaine entend passer le flambeau au secteur privé. Une transition déjà amorcée puisqu'aujourd'hui, par exemple, le transport des astronautes vers l'ISS est déjà assuré par SpaceX, entreprise privée fondée par Elon Musk.

Par la suite, les bases spatiales qui succéderont à l'ISS pour la collaboration scientifique et la recherche seront conçues par des opérateurs privés. Trois d’entre eux ont déjà été sélectionnés par la Nasa: Blue Origin, Nanoracks et Northrop Grumman.

"Le secteur privé est techniquement et financièrement capable de développer et d'exploiter des stations privées en orbite terrestre basse, avec l'aide de la Nasa. Nous sommes impatients de partager nos leçons apprises et notre expérience des opérations avec le secteur privé pour l'aider à développer des destinations spatiales sûres, fiables et rentables", explique Phil McAlister, directeur de l'espace commercial au siège de la Nasa.

Encore quelques années de travail

Pour autant, la Nasa ne compte pas mettre l'ISS tout de suite à la retraite et veut maximiser cette dernière petite décennie de fonctionnement de la station. Elle entend notamment l'utiliser comme "analogue pour une mission de transit vers Mars", lit-on dans le rapport.

"Cette troisième décennie est celle des résultats, s'appuyant sur notre partenariat mondial fructueux pour vérifier les technologies d'exploration et de recherche humaine afin de soutenir l'exploration de l'espace lointain, de continuer à faire profiter l'humanité des avantages médicaux et environnementaux, et de jeter les bases d'un avenir commercial en orbite terrestre basse", détaille Robyn Gatens, directrice de l'ISS au siège de la Nasa.

Depuis le début de sa construction en orbite en 1998, l'ISS a été le théâtre de nombreuses premières sur le terrain scientifique. Par exemple, le premier objet à être imprimé en 3D sur la station spatiale a eu lieu en 2014. C'est aussi à bord de la station que la première salade de l'espace a été cultivée. Au total, plus de 200 astronautes de 19 pays différents l'ont jusque-là occupée.

Salomé Robles