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La lente extinction des girafes, peu connue du grand public et détectée tardivement

Une girafe mâle dans la réserve privée de Ol-Pejeta, dans le plateau de Laikipia, au Kenya, le 28 mai 2019

Une girafe mâle dans la réserve privée de Ol-Pejeta, dans le plateau de Laikipia, au Kenya, le 28 mai 2019 - Tony Karumba / AFP

La situation des girafes est mal connue, tant du grand public que des chercheurs: il ne reste que 110.000 spécimens dans le monde, dont certaines espèces en effectifs très réduits. Menacées d'extinction, les girafes souffrent du braconnage, du manque de politiques de conservation, et de la réduction de leurs terres, du fait de la croissance démographique et du changement climatique.

Quand on parle d'animaux menacés d'extinction, on mentionne facilement l'ours polaire, le rhinocéros blanc, ou l'éléphant. Mais les girafes, animaux les plus grands au monde, très visibles dans les zoos et les réserves, souffrent d'une réduction drastique de leurs effectifs qui est peu connue du grand public: en trois décennies, les populations ont diminué de près de 40%. Une situation alarmante décrite par le magazine National Geographic.

En août dernier, le commerce international de la girafe, reconnue comme une espèce menacée, avait été régulé pour la première fois par la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction. Le commerce de peau, de cornes, de sabots et d'os a été reconnu comme une menace pour la survie de l'espèce. La girafe a ainsi rejoint en 2016 les espèces vulnérables de la liste rouge de l'UICN, l'Union Internationale pour la conservation de la nature.

Des espèces vulnérables ou en danger d'extinction 

En trois décennies, les populations de girafes ont diminué de près de 40% dans toute l'Afrique, et il ne resterait plus qu'environ 110.000 représentants de l'espace sur la planète. Cependant, la découverte d'une nouvelle distinction d'espèces de girafe par une équipe des scientifiques en 2016 a chamboulé les chiffres, supposant une situation plus critique que prévu. Selon les analyses génétiques, il existerait quatre espèces de girafe, divisées elles-mêmes en cinq sous-espèces. 

Ainsi, toutes les girafes sauf deux sous-espèces seraient considérées comme des espèces vulnérables, des espèces en danger, voire en danger critique d'extinction. Si de fait, certaines régions voient la population de girafes augmenter voire doubler, comme en Afrique du Sud et en Namibie, ce n'est pas le cas partout. Les girafes sont des animaux peu connus des scientifiques, qui peinent à comprendre toutes les raisons de leur déclin et donc à les protéger, comme l'explique National Geographic.

Si le braconnage est l'une des raisons de la lente extinction, les girafes perdent aussi du terrain et sont chassées peu à peu de leur habitat naturel. Entre changement climatique et croissance démographique, les agriculteurs et les éleveurs se voient obligés d'aller toujours plus loin pour trouver des terres. Ainsi, les clôtures bloquent les girafes et les empêchent de se nourrir, tandis que les conflits avec les agriculteurs et éleveurs se multiplient.

Les girafes de Nubie et du Niger, rares et menacées

La girafe de Nubie, qui se trouve principalement en Ouganda, est elle considérée comme une espèce en danger critique d'extinction. Elle a vu sa population baisser de 97% lors des trente dernières années, devenant l'une des espèces de grands mammifères les plus menacées. L'une des espèces les plus rares de girafe serait la girafe du Niger qui ne se trouve plus que dans une seule région du Niger. Elle ne comptait que 49 représentants en 1996, contre 600 spécimens aujourd'hui, grâce aux politiques nigériennes de conservation des girafes.

La politique nigérienne de conservation des girafes s'est développée drastiquement en 2011, quand il ne restait que peu de spécimens, permettant notamment par de multiples mesures la quasi élimination du braconnage. La population avait diminué d'un tiers en 1996, quand Ibrahim Baré Maïssara, président après un coup d'Etat, avait demandé à l'armée de capturer de nombreux animaux pour les offrir aux présidents du Burkina Faso et du Nigeria. Aucune girafe capturée n'avait survécu.

Présentes dans des régions pourtant favorables à leur croissance, en Afrique de l'Est, la girafe réticulée et la girafe Masaï restent des espèces menacées par la réduction de leur terres et le manque de moyens des réserves.

Julia Galan