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La France évoque un scénario de sortie du nucléaire

La centrale nucléaire de Bugey, près de Lyon. Le gouvernement français a évoqué pour la première fois vendredi, dans le cadre d'une vaste étude sur l'énergie, l'hypothèse d'un scénario de sortie du nucléaire à l'horizon 2040-2050, tout en précisant que ce

La centrale nucléaire de Bugey, près de Lyon. Le gouvernement français a évoqué pour la première fois vendredi, dans le cadre d'une vaste étude sur l'énergie, l'hypothèse d'un scénario de sortie du nucléaire à l'horizon 2040-2050, tout en précisant que ce - -

par Emmanuel Jarry PARIS (Reuters) - Le gouvernement français a évoqué pour la première fois vendredi l'hypothèse d'un scénario de sortie du...

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Le gouvernement français a évoqué pour la première fois vendredi l'hypothèse d'un scénario de sortie du nucléaire à l'horizon 2040-2050, tout en précisant que ce n'était pas celui qu'il privilégiait à ce stade.

Le ministre de l'Industrie, Eric Besson, a annoncé sur Europe 1 le lancement d'une étude prospective, Energie 2050, dont les résultats seront "probablement" rendus début 2012.

"Nous allons étudier tous les scenarii possibles de ce qu'on appelle le bouquet énergétique", a-t-il déclaré. "Ce travail sera fait en toute objectivité (...) sans éluder aucun scénario, y compris les scénarios de sortie du nucléaire."

Le ministère de l'Industrie a précisé à Reuters que certains des scénarios étudiés comporteraient une "sortie totale du nucléaire à horizon 2050, voire 2040".

"Ça n'est pas ma conviction, ça n'est pas le choix du gouvernement et du président de la République mais en même temps il ne faut rien éluder", a cependant souligné Eric Besson.

Il estime que sortir du nucléaire ne veut rien dire en soi si on ne sait pas comment le remplacer et quel impact cela aura en matière de dépendance énergétique, d'émissions de gaz à effet de serre, de coût pour les entreprises et les particuliers, etc.

Sans nucléaire civil, les consommateurs paieront plus cher leur électricité, "c'est une certitude absolue", a-t-il dit.

L'EFFET FUKUSHIMA

Selon le ministère de l'Industrie, d'autres scénarios comporteront une réduction de la part du nucléaire à 50%, dans la production d'électricité en France.

Eric Besson se dit pour sa part convaincu, à ce stade, qu'il faudra maintenir en France un socle nucléaire représentant 60 à 70% de la production d'électricité, au lieu de 74% aujourd'hui.

Il n'en reste pas moins que le gouvernement français et Nicolas Sarkozy avaient toujours refusé jusqu'ici d'évoquer un scénario de sortie du nucléaire, même hypothétique.

Depuis le début de son quinquennat, le président français n'a eu de cesse de chercher à vendre la technologie nucléaire française partout dans le monde.

L'accident de la centrale de Fukushima, au Japon, après le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars, a cependant changé la donne et rendu les opinions publiques plus réceptives aux arguments des opposants au nucléaire.

Selon un sondage Ipsos/Reuters effectué ce printemps auprès de 19.000 personnes dans 24 pays, 62% de l'opinion mondiale serait ainsi hostile à cette forme d'énergie.

D'après un sondage Ifop publié par Le Monde, 20% seulement des Français y sont opposés, ce qui est moins qu'en Allemagne (53%) et en Italie (58%) mais proche du Royaume-Uni (21%). Mais 48% des Français se disent "hésitants" ou sans opinion.

La chancelière Angela Merkel a renoncé à prolonger la durée vie des 17 centrales allemandes, qui devront être toutes fermées d'ici 2022. Les Italiens se sont pour leur part prononcés massivement en juin, lors d'un référendum, contre la relance de leur programme nucléaire civil.

UN THÈME POUR 2012

Le gouvernement français a lui-même dû donner des gages à l'opinion publique française en lançant une campagne de tests de résistance de ses 58 réacteurs nucléaires.

L'avenir du nucléaire promet d'être un thème de la campagne présidentielle de 2012, année lors de laquelle le gouvernement doit présenter, comme tous les cinq ans, une programmation pluriannuelle des investissements énergétiques.

C'est dans cette perspective que l'étude Energies 2050 sera conduite par un groupe d'experts et de personnalités de tous bords et de toutes convictions, précise le ministère.

Si la droite paraît à peu près unanime derrière Nicolas Sarkozy, au Parti socialiste, les avis divergent entre les prétendants à la course à l'Elysée sous la pression des écologistes, qui veulent une sortie du nucléaire radicale.

L'ancien premier secrétaire, François Hollande, propose de réduire la part du nucléaire à 50% d'ici 2025. Martine Aubry, qui lui a succédé à la tête du parti, est favorable à une sortie du nucléaire "à terme" mais sans fixer d'échéance précise.

"Ceux qui donnent une date ne peuvent pas être sérieux aujourd'hui en France", disait-elle début juin. Ce qui n'empêche pas la présidente de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, de proposer de "sortir du nucléaire en quarante ans".

Le programme du PS promet seulement un "débat national sur la transition énergétique" en 2012 et un développement "massif" des économies d'énergie et des énergies renouvelables.

avec Elisabeth Pineau, édité par Yves Clarisse