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La découverte de plantes vieilles de 99 millions d’années pourrait venir résoudre un mystère soulevé par Darwin

La Phylica pubescens, photographiée ici au jardin botanique de San Francisco, possède le même génome qu'une des plantes fossilisées.

La Phylica pubescens, photographiée ici au jardin botanique de San Francisco, possède le même génome qu'une des plantes fossilisées. - James Gaither via Flickr

Cette découverte pourrait venir lever le voile sur l'origine des plantes à fleurs, un élément encore inconnu de l'évolution que Darwin avait qualifié "d'abominable mystère".

Dans une lettre datée du 22 juillet 1879, le naturaliste et paléontologue anglais Charles Darwin, dont les travaux sur la théorie de l'évolution et la sélection naturelle ont révolutionné la biologie, laisse ressentir sa frustration. Alors qu'il s'adresse au botaniste Joseph Dalton Hoover, il qualifie "d'abominable mystère" l'origine des plantes à fleurs et leur diversification si rapide dans l'histoire de l'humanité.

Un problème soulevé par Darwin résolu?

Près de 150 ans après cette lettre, l'"abominable mystère" de Darwin pourrait potentiellement être résolu, avec la découverte dans une mine birmane de fleurs vieilles de 99 millions d'années. Conservés dans l'ambre, les fossiles sont dans un état de conservation parfait, comme le rapporte CNN.

"Avec ce fossile, nous avons, préservés dans l'ambre, tous les détails d'une des premières fleurs de l'histoire, datant de l'époque où les plantes à fleurs commençaient à se répandre sur Terre. Cette découverte témoigne de l'adaptation aux environnements saisonniers secs, mais également aux feux de forêt récurrents", témoigne auprès de CNN Robert Spicer, auteur d'une étude sur la découverte et professeur émérite à l'Open University, au Royaume-Uni.

Darwin n'arrivait pas à lever le voile sur l'origine des plantes à fleurs, car les premiers fossiles découverts les concernant apparaissent soudainement à la période Crétacé (-145 millions d'années à -66 millions d'années avant notre ère), sans aucun lignage plus ancien. Un élément mettant en contradiction sa théorie de l'évolution, selon laquelle les espèces évoluent de manière très lente sur une période étendue.

Mais les traces d'adaptation aux feux de forêts découverts sur les fleurs fossilisées peuvent aujourd'hui venir nous éclairer, toujours selon Robert Spicer. "Si ces premières plantes étaient exposées aux feux de forêts, cela explique pourquoi elles sont si peu représentées dans les archives fossiles", explique-t-il. Perpétuellement soumises à la destruction par le feu, les premières plantes à fleurs de l'humanité n'ont pu parvenir jusqu'à nous.

D'autant que, contrairement aux feuilles, les fleurs sont difficilement conservables.

"Les feuilles sont généralement produites en plus grande quantité que les fleurs, et sont beaucoup plus robustes. Elles ont un potentiel supérieur de conservation. Les feuilles terminent leur vie dans le même état qu'au commencement, alors que les fleurs se transforment en un fruit, qui est ensuite mangé ou désintégré dans le cadre du dispersement des graines", abonde Robert Spicer.

Une espèce toujours présente sur Terre

Découvrir l'origine des plantes à fleurs pourrait nous permettre d'en apprendre davantage sur l'origine des espèces terrestres. Car l'évolution et la dissémination des plantes florales a entraîné la diversification des insectes, des amphibiens, des mammifères, et a permis que la vie sur Terre soit plus diverse que dans les océans.

Les deux espèces découvertes ont été nommées eophylica priscatellata et phylica piloburmensis par les scientifiques. Et, fait d'autant plus surprenant, cette dernière espèce possède le même génome qu'une fleur toujours présente sur Terre, la phylica pubescens, qui peut se trouver en Afrique du Sud. "Ces fleurs sont presque identiques à leur version moderne. Il n'y a pas de différences majeures", s'étonne dans CNN Robert Spicer.

Suggérant ainsi que l'espèce florale sud-africaine est présente sur Terre depuis 99 millions d'années. À titre de comparaison, le fossile le plus ancien d'Homo Sapiens jamais découvert, espèce à laquelle nous appartenons, est vieux de 300.000 ans.

Jules Fresard