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La date de la présidentielle polonaise sera fixée mercredi

La date de l'élection présidentielle anticipée en Pologne sera annoncée mercredi par le président de la Diète polonaise, qui assure l'intérim à la tête de l'Etat depuis la mort de Lech Kaczynski samedi dans un accident d'avion. /Photo prise le 13 avril 20

La date de l'élection présidentielle anticipée en Pologne sera annoncée mercredi par le président de la Diète polonaise, qui assure l'intérim à la tête de l'Etat depuis la mort de Lech Kaczynski samedi dans un accident d'avion. /Photo prise le 13 avril 20 - -

VARSOVIE - La date de l'élection présidentielle anticipée en Pologne sera annoncée mercredi par le président de la Diète polonaise, qui assure...

par Gabriela Baczynska et Gareth Jones

VARSOVIE (Reuters) - Le président polonais par intérim, Bronislaw Komorowski, veut annoncer rapidement la date de l'élection anticipée pour trouver un successeur à Lech Kaczynski et lever l'incertitude créée par la mort brutale du chef de l'Etat dans l'accident de son avion.

Invité de la chaîne de télévision TVP Info, le président de la Diète a jugé qu'il était "absolument nécessaire" que la date du scrutin soit annoncée dès mercredi. "Cela doit être fait aussi tôt que possible pour réduire la période d'incertitude dans laquelle se trouve la Pologne", a-t-il expliqué.

Les autorités préparent parallèlement l'hommage national qui sera rendu au président Kaczynski, à son épouse et aux dizaines de responsables polonais qui ont péri samedi dans l'accident du Tupolev TU-154 qui les emmenait en Russie pour le 70e anniversaire du massacre de Katyn.

Selon des responsables polonais, l'hommage au président et aux 95 autres victimes de l'accident se tiendrait samedi. Les obsèques nationales de Lech et Maria Kaczynski pourraient être organisées le même jour ou dimanche.

De nombreux chefs d'Etat et de gouvernement, dont le président russe Dmitri Medvedev et la chancelière allemande Angela Merkel devraient participer au dernier hommage rendu à cette figure du conservatisme moral connu pour sa méfiance à l'égard de l'Union européenne et de la Russie.

LE CORPS DE MARIA KACZYNSKI RAPATRIÉ

Identifiée la veille par les enquêteurs, la dépouille de Maria Kaczynski a été rapatriée mardi à Varsovie. Elle a été acheminée jusqu'au Palais présidentiel où le corps de son mari est exposé depuis dimanche.

L'avion qui transportait le président et des dizaines de hauts responsables du pays, dont le chef d'état-major des forces polonaises et le gouverneur de la banque centrale, s'est écrasé samedi près de Smolensk, dans l'ouest de la Russie. Aucun occupant n'a survécu.

D'après les enquêteurs russes, qui ont identifié à ce stade la moitié environ des 96 victimes, le pilote de l'avion présidentiel, qui volait dans un brouillard épais, a tenté à quatre reprises de poser l'appareil avant d'accrocher la cime des arbres et de s'écraser.

Des médias ont suggéré que Kaczynski aurait fait pression sur le pilote pour qu'il atterrisse malgré les mauvaises conditions météo. Rien n'atteste cette hypothèse, ont répliqué les procureurs polonais.

La tragédie a plongé les 38 millions de Polonais dans un état de choc. La stabilité politique ou économique du pays, membre de l'UE et de l'Otan, ne semble pas menacée, mais Komorowski veut détailler rapidement le calendrier de la succession.

SCRUTIN LE 30 MAI OU LE 13 JUIN ?

La Constitution lui accorde un délai de 14 jours pour fixer la date de l'élection. Le scrutin doit avoir lieu dans les 60 jours qui suivent l'annonce. Les élections ayant toujours lieu un dimanche en Pologne, et compte tenu du calendrier des fêtes catholiques, deux dates semblent a priori les plus plausibles: le 30 mai ou le 13 juin.

Ces dernières semaines, alors que la Pologne se préparait à une élection présidentielle programmée pour octobre, Komorowski, qui préside la Diète (la chambre basse du Parlement), était donné largement en tête des intentions de vote face à un Lech Kaczynski à la popularité déclinante. Il est difficile de dire aujourd'hui quel impact la tragédie de Smolensk aura sur l'électorat.

Dans ces jours de deuil national, Komorowski, candidat de la Plateforme civique (PO), le parti du Premier ministre Donald Tusk, a acquis une dimension nouvelle. Lui qui préférait l'ombre à la lumière a revêtu les habits de "père de la nation", appelant à l'unité nationale, s'engageant à mener un intérim impartial et renvoyant à l'après-élection tous les arbitrages qui ne seraient pas dictés par l'urgence du moment.

Mais ses premières décisions seront vraisemblablement surveillées de près par Jaroslaw Kaczynski, frère jumeau de Lech et dirigeant de leur parti, Loi et Justice (PiS), minoritaire au Parlement.

"Komorowski a désormais un grand avantage: les électeurs s'habituent à le voir en président", note cependant Lena Kolarska-Bobinska, élue de la PO au Parlement européen, qui lui recommande d'être "extrêmement souple et impartial".

A 57 ans, ce vétéran du mouvement Solidarité qui a connu la prison sous la loi martiale des années 1980 a dirigé le ministère de la Défense en 2000-2001. Il a pris la présidence de la Diète en 2007, alors que Tusk remplaçait Jaroslaw Kaczynski au poste de Premier ministre.

Avec Adrian Krajewski et Chris Borowski, Jean-Philippe Lefief et Henri-Pierre André pour le service français