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La centrale nucléaire du Blayais suscite l'inquiétude

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* Les écologistes demandent sa fermeture en 2012 par Claude Canellas BRAUD-ET-SAINT-LOUIS, Gironde (Reuters) - Le sort de la centrale nucléaire du...

* Les écologistes demandent sa fermeture en 2012

par Claude Canellas

BRAUD-ET-SAINT-LOUIS, Gironde (Reuters) - Le sort de la centrale nucléaire du Blayais, près de Bordeaux, l'une des plus anciennes de France, suscite l'inquiétude des associations écologistes après l'accident de Fukushima au Japon.

Dans la nuit du 27 au 28 décembre 1999, l'eau de l'estuaire de la Gironde avait franchi les digues et inondé les sous-sols de cette centrale qui fête ses 30 ans en 2011 et devrait continuer son activité encore une dizaine d'années encore.

Un accident majeur avait été redouté mais il fut finalement été classé en alerte de niveau 2 sur une échelle de sept.

Toutefois, les tranches 1 et 2 du Centre nucléaire de production d'électricité (CNPE) avaient été envahies par l'eau, mettant hors d'usage des installations de sécurité.

Près de douze ans plus tard, des enseignements ont été tirés de cet événement et des travaux ont été effectués pour relever les digues, au point qu'EDF compte prolonger de dix ans la durée de vie de ses quatre réacteurs.

Même si l'audit ordonné par le gouvernement sur la sécurité de toutes les centrales françaises est susceptible de changer la donne, ce projet est jugé irresponsable par les écologistes.

Stéphane Lhomme, président de l'Association anti-nucléaire "Tchernoblaye", en référence à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, et de l'Observatoire du nucléaire, demande la fermeture pure et simple de l'installation le 12 juin, date anniversaire des 30 ans du réacteur n°1.

"La centrale cumule tous les risques spécifiques. Elle arrive à 30 ans d'âge, date prévue pour son arrêt à l'origine, et il y a eu l'inondation de 1999", explique-t-il.

"EDF dit qu'elle en a tiré les enseignements mais comment croire les spécialistes du nucléaire quand on voit de qui s'est passé au Japon ?", ajoute-t-il.

LES RISQUES SONT CONNUS

Les mêmes inquiétudes se font jour pour la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne de France. Elle a été mise en service en 1977 dans une zone sismique.

A Braud-et-Saint-Louis, commune de 1.400 habitants du nord de la Gironde sur laquelle est implantée l'installation du Blayais, des doutes existent sur la sécurité en cas d'accident.

Le président de la Commission locale d'information nucléaire (Clin), Jacques Maugein, a mis l'accent sur les possibilités d'inondation par le marais qui isolerait la centrale, la route d'accès pour les secours pouvant être submergée.

"Le risque est connu, EDF doit prendre ses responsabilités", a-t-il indiqué à la presse.

EDF, estime-t-il, devrait donner des informations précises "sur les conditions d'utilisation des eaux de refroidissement", alors qu'une étude hydraulique demandée après la tempête de 1999 a selon lui été interrompue.

Habitants et autorités locales semblent cependant faire preuve d'un certain flegme.

Le maire socialiste Jean-Michel Rigal assure que la population est "très bien informée de ce qu'il faut faire en cas d'accident à la centrale".

"Chaque habitant a reçu un document d'information communale sur les risques majeurs, ils ont eu un bon de retrait de pastilles d'iode et sont tenus informés des exercices effectués dans le cadre du Plan particulier d'intervention (PPI) effectués tous les trois ans", explique-t-il.

Les habitants ne se disent pas tous rassurés mais, pour eux, la vie continue.

"Ça fait 13 ans que j'habite ici et on s'y habitue. Chaque fois que je vois la centrale, je pense aux risques mais pas plus", dit l'un d'eux, Benoît Despujos.

Monique Renaud et son mari y ont fait construire leur maison il y a sept ans. Elle reconnaît que "si ça arrive ailleurs ça peut arriver ici. D'habitude, on n'y pense pas mais avec tout ce qu'on voit au Japon, je me pose des questions", dit-elle.

Un peu plus loin, Jeanine assure qu'elle et son mari n'ont "pas peur du tout".

"On n'y pense même pas, on n'a jamais été inquiété par cette centrale. On est bien informé, on a des pastilles d'iode, tout va bien", assure-t-elle.

La catastrophe du Japon a pourtant placé la pharmacie quasiment en rupture de stocks de pastilles d'iode.

La centrale du Blayais comporte quatre réacteurs de 900 mégawatts chacun, soit une puissance totale de 3.600 MW. En 2010, 26,3 milliards de kWh soit 6,15% de la production d'électricité nucléaire en France, y ont été produits.

Edité par Yves Clarisse