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L'authentification de la tête d'Henri IV toujours contestée par un historien

Sept générations séparent les deux rois de France, Louis XVI descendant en ligne directe paternelle d'Henri IV.

Sept générations séparent les deux rois de France, Louis XVI descendant en ligne directe paternelle d'Henri IV. - -

Un profil génétique partiellement commun suffit-il à établir une parenté ? La polémique fait rage à propos d'un extrait de sang séché attribué à Louis XVI et une tête momifiée qui serait celle d'Henri IV.

L'authentification de la tête du roi Henri IV, annoncée cette semaine par une équipe scientifique franco-espagnole ayant trouvé un profil génétique commun entre la tête momifiée et du sang séché attribué à son descendant Louis XVI, est de nouveau contestée par l'historien Philippe Delorme.

Les expertises s'opposent

"La 'découverte' de ces fragments d'ADN - pas davantage que les études précédentes - ne permet d'affirmer que ce crâne serait celui de Henri IV", insiste Philippe Delorme dans un communiqué co-signé par Olivier Pascal, expert en empreintes génétiques auprès des tribunaux.

Selon l'étude publiée lundi en ligne par la revue Forensic Science International, Henri IV et Louis XVI ont le même patrimoine génétique passant par les pères, a expliqué le Dr Philippe Charlier, médecin légiste à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches, en région parisienne, et grand spécialiste des énigmes historiques.

C'est précisément l'ADN "paternel", l'ADN du chromosome Y, prélevé à la fois sur la tête momifiée de Henri IV et dans le sang séché de Louis XVI, qui a parlé, balayant les derniers doutes sur l'authenticité de la tête d'Henri IV, selon le Dr Charlier.

La parenté pas établie de manière certaine

Mais pour Philippe Delorme, auteur d'un ouvrage sur le Vert-Galant ("Henri IV, les réalités d'un mythe") et d'une enquête historique sur le cœur de Louis XVII, "cette affirmation définitive mérite de sérieuses critiques".

"L'ADN utilisé pour la comparaison est celui des régions variables du chromosome Y", or "plusieurs personnes dans la population générale peuvent avoir le même chromosome Y sans pour cela être apparentées", souligne-t-il notamment dans son communiqué.

Par ailleurs, l'étude n'a déterminé au total que sept allèles (variantes d'un gène), dont deux diffèrent avec le sang attribué au descendant d'Henri IV, indique Philippe Delorme. "Dans notre pratique quotidienne pour les affaires criminelles, ces deux différences sont suffisantes pour exclure un lien de parenté par la lignée paternelle", fait valoir le communiqué.

"Absence d'éléments de référence"

Et "quand bien même l'identité serait parfaite entre l'ADN du chromosome Y du sang et l'ADN du chromosome Y du crâne, il serait impossible d'affirmer que le sang est celui de Louis XVI et le crâne celui d'Henri IV par absence d'élément de référence", les deux sujets étant a priori "inconnus", écrivent Philippe Delorme et Olivier Pascal.

Retrouvée en 2008, après plusieurs siècles de pérégrinations, la tête du roi Henri IV avait été authentifiée en 2010, sur la base de nombreux recoupements scientifiques et historiques, par une équipe d'une vingtaine de spécialistes conduite par le Dr Charlier. Mais ils avaient alors échoué à extraire l'ADN.