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L’abeille et le rat, agents anti–terroristes !

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Pour répondre aux nouvelles menaces, les spécialistes de la sureté aérienne envisagent des solutions avec des animaux et des insectes déjà testées en Israel ou en Afrique du Sud.

Christophe Naudin est chercheur au département des menaces criminelles contemporaines à Paris II. Il est aussi spécialiste des questions de sureté aérienne. Il explique les mesures de contrôles actuelles dans les aéroports ne sont pas forcément adaptées ni aux besoins, ni aux menaces. Il dresse un rapide bilan et dévoile des pistes de recherche pour le moins... surprenantes.

Les contrôles dans les aéroports sont très contraignants, très couteux, très longs, peu efficaces et très anxiogènes pour les passagers...
En plus, cela cause de grands déficits commerciaux pour le transport aérien : sur les courts ou moyens courriers, les gens hésitent maintenant à prendre l'avion à cause des mesures de sureté alors qu'ils peuvent prendre librement le train, sans aucune contrainte.

La menace explosive est un peu derrière nous et qu'il faut désormais réfléchir à la menace chimique ou radiologique...
Malheureusement, on est en train de continuer à travailler sur des menaces qui sont anciennes c'est-à-dire des menaces faites avec des explosifs où des gens qui vont monter à l'intérieur d'un appareil avec des armes de poing pour le détourner. Les spécialistes ne disent pas que ça ne va plus arriver. Ils disent que c'est derrière nous et que les terroristes changent de méthodes à chaque fois qu'ils initient un nouvel acte illicite.
En revanche, nous n'avons pas de dispositifs suffisamment répandu pour contrer les armes chimiques comme cela a pu arriver à Londres (ndlr : Kamel Bourgass, qui projetait un attentat à la ricine a été condamné à 17 ans de prison) ou les armes radiologiques avec ce qu'on appelle notamment la bombe sale (ndlr : une bombe associée à des particules radioactives destinées à être diffusées en poussière après l'explosion.)

Parmi les nouvelles techniques, il y aurait l'abeille et les rats ? Expliquez nous...
On dresse des abeilles à partir de leur stade larvaire. On leur apprend à détecter des produits très précis, comme elles apprennent à détecter le pollen. Et quand elles détectent des molécules qui correspondent à de l'explosif par exemple (ndlr : ce dispositif est en place à Tel Aviv) elles sécrètent une hormone spéciale facile ensuite à repérer si on fait changer l'abeille de couleur par exemple. On fait un prélèvement sur les bagages, on l'apporte à l'abeille et elle donne sa réponse.
Les rats sont encore plus performants. Ils ont un odorat aussi puissant que celui d'un chien. On les utilise beaucoup en Afrique du Sud pour les opérations de déminage, lorsque les charges sont enfouies ou placées dans des boitiers spéciaux. Le problème c'est qu'on a du mal à expliquer aux passagers que des rats vont courir sur leurs bagages... On a peur que ce soit dissuasif.

La rédaction