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Il faut uriner sur une piqûre de méduse: pourquoi c'est faux

Trois méduses nageant dans la mer (illustration)

Trois méduses nageant dans la mer (illustration) - Flickr CC - Matteo Tarenghi

"Le meilleur traitement contre les piqûres de méduse, c'est l'urine". Le remède est séduisant, mais est-il efficace? Comme celle-ci, certaines contre-vérités scientifiques ont la vie dure. Cet été, BFMTV.com a entrepris de démonter ces idées reçues tenaces. (9/10)

Ces vacances commençaient pourtant bien. Eau turquoise, sable immaculé, ciel azur et noix de coco fraîche à la main: rien ne pouvait compromettre votre folle humeur. C’était sans compter sur la gluance urticante de l’ennemie jurée des baigneurs: la méduse. D’un vicieux baiser, voilà qu’elle vient de gâcher votre semaine de farniente.

Les premiers effets ne se font pas attendre: votre bras triple de volume et se pare de magnifiques plaques rouges. Niveau sensations, la brûlure est aussi immédiate que douloureuse. De retour sur la plage, vous racontez votre mésaventure à vos amis. “Il faut uriner sur la piqûre,” s’écrie l’un d’eux, “je te jure, j’ai vu ça à la télé !”. La suite de sa phrase ne vient pas arranger la gêne ambiante : “je peux me dévouer, si tu veux…”

Vous voilà donc face à un terrible dilemme: choisir entre votre bras et votre dignité. L’enthousiasme de votre ami vous met mal à l’aise, mais la brûlure s’intensifie. Fermant les yeux pour éviter de croiser son regard, vous finissez par lâcher un “d’accord” quasi-faustien.

Sauf que…

Il faut uriner sur une piqûre de méduse? FAUX

Votre ami est sans doute bien intentionné, mais il est très mal renseigné: uriner sur une piqûre de méduse est au mieux inutile et peut même aggraver la situation. En effet, la brûlure est provoquée par des petits organites présents sur les tentacules de la méduse. Appelés nématocystes, ces petites capsules sont équipées d’un crochet et renferment du venin.

Dans les premiers instants qui suivent une piqûre de méduse, seuls 10% des nématocystes déposés sur la peau de la victime libèrent leur venin. Il s’agit donc de neutraliser les 90% restants avant qu’ils ne rentrent en action en traitant la zone. Mais attention, pas avec n’importe quoi: certains liquides désactiveront les capsules venimeuses quand d’autres, au contraire, les exciteront.

En tête des produits annihilants, on trouve le vinaigre. Son acidité va endormir les nématocystes non éclos: il ne vous restera plus qu’à les déloger de la surface de votre peau en frottant délicatement la zone touchée à l’aide d’un gant de toilette. Si vous n’avez pas de vinaigre sous la main, l’eau de mer constitue une alternative acceptable. En revanche, gare à l’eau douce! Celle-ci va réveiller les nématocystes endormis et décupler le volume de venin relâché: à proscrire.

Et l’urine dans tout ça?

Le problème de l’urine réside dans l’imprévisibilité de sa composition chimique. “Si votre urine est dans une phase acide, le résultat sera au mieux quatre fois moins efficace qu’avec du vinaigre,” explique le docteur Lisa Gershwin, spécialiste des méduses et directrice du centre anti-piqûres au CSIRO (Organisation australienne pour la recherche scientifique et industrielle). “En revanche, si elle est dans une phase alcaline, en appliquer sur la zone touchée provoquera une expulsion massive de venin.”

En résumé, l’urine est un pari trop risqué: mieux vaut décliner la proposition de votre ami. Mais voyez le bon côté de l’affaire: vous éviterez ainsi de ruiner votre amitié par la faute d’un souvenir embarrassant.

François de La Taille