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Faut-il envoyer des détails sur l'humanité vers d'hypothétiques civilisations extraterrestres? Les scientifiques divisés

Vue de la Voie lactée et de galaxies voisines, réalisée avec l'observation de presque 1,7 milliards d'étoiles par le satellite Gaia

Vue de la Voie lactée et de galaxies voisines, réalisée avec l'observation de presque 1,7 milliards d'étoiles par le satellite Gaia - - © 2019 AFP

Un projet de la Nasa vise à transmettre des données à propos de notre planète aux formes de vie intelligente qui pourraient vivre dans la galaxie. Une mauvaise idée pour certains scientifiques.

Un "phare dans la galaxie". Voilà comment pourrait être traduit le nom du projet de la Nasa visant à envoyer un message à travers la galaxie dans l'espoir d'établir un contact avec des potentiels extraterrestres. Le projet "Beacon in the Galaxie" prévoit de transmettre des informations sur la vie sur Terre, comme notre ADN ou encore la localisation de notre planète.

L'idée d'entrer en contact avec d'hypothétiques civilisations extraterrestres n'est pas nouvelle. En 1974, un premier message, le message d'Arecibo, est envoyé à destination de l'Amas Hercule, à 22.000 années-lumière de la Terre, choisi pour sa richesse en étoiles, ce qui augmente les chances d'atteindre une planète potentiellement habitée.

Depuis lors, une multitude de messages ont été téléportés dans l'espace, notamment une publicité pour la marque Doritos ou encore une invitation, écrite en klingon (langue fictive de l'univers de fiction de Star Trek), à un opéra klingon à La Haye, comme le rappelle The Guardian.

Des informations sur la Terre et sur l'humanité

Ces appels étant restés sans réponse, les scientifiques veulent retenter leur chance. Le message porté par le projet "Beacon in the Galaxy" pourrait ainsi être diffusé à un anneau dense d'étoiles près du coeur de la Voie lactée, région jugée la plus prometteuse pour l'apparition de la vie.

Ce message est réalisé avec des principes simples de communication composés grâce au système binaire. Il inclut des concepts de base en mathématiques et en physique, les constituants de notre ADN et la composition biochimique des organismes vivants sur Terre ou encore un dessin de l'apparence de l'être humain.

"L'humanité a, selon nous, une histoire fascinante à partager et le désir de connaître les autres - et elle a maintenant les moyens de le faire", écrit l'équipe de la Nasa.

Le message contient également la position horodatée du système solaire dans la Voie lactée et même de la Terre, ajoutée à des informations sur notre planête avec, par exemple, des images de la nature telles que les montagnes et les lacs. Enfin, il possède également une invitation à répondre, destinée aux extraterrestres.

Comme "Christophe Colomb qui débarque en Amérique"

Ce sont ces informations précises qui inquiètent néanmoins certains scientifiques. D'abord, selon eux, les chances qu'une civilisation extraterrestre intelligente intercepte le message sont extrêmement faibles. De plus, dans le cas où un contact serait établi, il serait difficile d'instaurer une conversation puisqu'une réponse peut prendre plusieurs années. En outre, ces formes de vie pourraient surtout ne pas comprendre le signal.

"Les chances pour que le message parvienne à une vie extraterrestre sont minces mais, quoi qu'il en soit, il aurait un tel impact qu'il faut le prendre plutôt au sérieux", met en garde le professeur Anders Sandberg, chercheur à l'Institut du futur de l'humanité (FHI) de l'Université d'Oxford, dans des propos rapportés par The Independent.

Depuis des années, l'idée d'envoyer un message dans le cosmos divise, surtout lorsqu'il comporte des informations sur la Terre et sur l'humanité.

"Si des extraterrestres nous rendent visite, le résultat sera à peu près le même que lorsque Christophe Colomb a débarqué en Amérique, ce qui n'a pas bien tourné pour les Amérindiens", déclarait ainsi Stephen Hawking en 2010.

Des incovénients plus importants que les avantages?

Le professeur Toby Ord, également chercheur à l'Université d'Oxford, estime que la principale problématique porte sur la proportion de civilisations pacifiques par rapport à celles qui nous seraient hostiles.

"Nous avons très peu d'éléments pour déterminer si ce ratio est élevé ou faible, et il n'y a pas de consensus scientifique. Étant donné que les inconvénients pourraient être beaucoup plus importants que les avantages, cela ne me semble pas être une bonne situation pour prendre des mesures actives en vue d'un contact", explique-t-il.

En réponse, l'équipe de la Nasa, dirigée par le professeur Jonathan Jiang, suggère de dépasser nos peurs au nom de la science. Selon ces scientifiques, une espèce extraterrestre capable de communiquer à travers le cosmos pourrait bien avoir appris la valeur de la paix. "Nous pensons que les progrès scientifiques qui peuvent être réalisés dans la poursuite de cette tâche, si la communication devait être établie, l'emporteraient largement sur les préoccupations", concluent-ils.

Salomé Robles