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Faire craquer ses doigts donne de l'arthrose: pourquoi c'est faux

Faire craquer ses mains ne serait pas mauvais pour les articulations.

Faire craquer ses mains ne serait pas mauvais pour les articulations. - Jackson Ezinga - AFP

"Ne fais pas craquer tes doigts ou tu le paieras plus tard!" Qui n'a pas entendu ce reproche? Comme celle-ci, certaines contre-vérités scientifiques ont la vie dure. Cet été, BFMTV.com a entrepris de démonter ces idées reçues tenaces. (5/10)

"Faire craquer ses doigts donne de l'arthrose." Si vous craquez à force de vous entendre asséner cette pseudo-vérité, sachez au moins que la dangerosité de ces craquements n'est nullement démontrée. Et sans allez jusqu'à conclure à un quelconque effet bénéfique de cette pratique, sachez que cette question, entre la recherche des origines de la vie sur Terre et de la formation de l'univers, passionne les scientifiques. Certains disent que c’est un signe de bonne santé articulaire alors que d’autres soutiennent qu’une pression trop appuyée peut provoquer des lésions.

Il fait craquer ses doigts d'une main pendant 60 ans

En mars 2015, nous vous rendions compte des recherches de Donald Unger, un médecin américain. Comme de nombreux chercheurs qui se sont fait les cobayes de leurs propres recherches, cet homme aura passé 60 ans - oui, c'est long - à faire craquer au moins deux fois par jour les doigts d'une de ses mains. Et pas l'autre, à défaut de quoi, bien sûr, l'expérience n'aurait eu aucun intérêt.

Résultat de l'expérience: R.A.S. Si on ne saurait faire d'un cas une généralité, d'autres études médicales ont conclu que cette pratique ne créerait pas d'arthrose ou autre complication.

Plutôt bulles ou cavités?

Il reste à savoir d'où vient le bruit. D'après le site américain Vox, le son serait causé par l'éclatement de bulles d'air formées dans le fluide synovial, un liquide lubrifiant situé dans nos articulations. Or dans une étude récente publiée dans la revue PLOS One, des scientifiques ont montré en recourant à l'imagerie par résonance magnétique (IRM), que le son produit lorsqu’on se fait craquer les doigts provient de la formation d’une cavité à l’intérieur de l’articulation et non de l’explosion de bulles d’air. 

Pour mener à bien cette étude, le chiropracteur Jerome Fryer a joué les cobayes et s'est allié à l'auteur de l'étude, à savoir Greg Kawchuck de l’Université canadienne de l’Alberta. Le chiropracteur a ainsi joué les cobayes en insérant ses doigts, l’un après l’autre, dans un tube flexible connecté par un câble, ce dernier exerçait une traction afin de produire le son si caractéristique du craquement de chaque phalange. Pendant ce temps, l’IRM enregistrait une vidéo de chaque craquement. Il en ressort qu’à chaque fois que les surfaces articulaires se séparaient et que se produisaient les sons, une cavité (un vide) se formait au sein du liquide synovial.

Le mystère du "flash blanc"

Le professeur Kawchuck et son équipe prévoient de poursuivre leurs recherches élucider un autre mystère. Ils vont chercher à comprendre un phénomène étonnant qu’ils ont observé pendant les IRM. En effet, les enregistrements IRM montrent une sorte de flash blanc, un "signal brillant dans l’espace intra-articulaire" juste avant la survenue du craquement. De plus amples recherches seront nécessaires pour expliquer ce mystérieux phénomène.