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Espace: un astéroïde frôle la Terre mercredi soir, cela arrive-t-il souvent?

Vue d'artiste d'un astéroïde s'approchant de la Terre.

Vue d'artiste d'un astéroïde s'approchant de la Terre. - Nasa

On les appelle géocroiseurs et par définition, ils passent très près de notre planète. Tout risque de collision avec celui de mercredi soir est exclu. Mais ce scénario du pire, qui s'est déjà produit, n'est pas qu'une vue de l'esprit.

C'est entendu, l'astéroïde 2014-JO25 qui passera à proximité de notre planète mercredi soir n'entrera pas en collision avec elle. L'objet estimé à 640 mètres de large passera à un peu moins de cinq fois la distance qui nous sépare de la Lune, soit à moins d'1,8 million de km. Une paille à l'échelle de l'univers. D'où viennent ces objets qui, comme 2014-JO25, nous arrivent à des vitesses vertigineuses, comme ici, de 33 kilomètres par seconde? Sont-ils nombreux et l'un d'eux risque-t-il un jour d'entrer en collision avec le sol terrestre? Eléments de réponses avec Serge Brunier, reporter et écrivain spécialisé dans l'astronomie interrogé par BFMTV.

> D'où viennent ces astéroïdes?

"Ces astéroïdes sont les vestiges de la formation du système solaire il y a plusieurs milliards d'années", détaille le scientifique. Ces astéroïdes (et comètes) gravitent autour du Soleil. Dans notre système solaire, ils ont deux provenances principales. La première est la ceinture principale, entre les orbites de Mars et Jupiter. C'est le plus important gisement, à une distance de 2 à 4 unités astronomiques du Soleil.

La deuxième origine concerne la catégories des astéroïdes dits "troyens". Il se situent en des points très particuliers de l'orbite de planètes, dits points de Lagrange (point d'équilibre des gravités de deux corps plus massifs s'exerçant sur eux). Ils se trouvent, en gros, sur l'orbite de la plus massive des planètes de notre système, Jupiter.

> Des objets si massifs croisent-ils souvent l'orbite de notre planète?

"Le passage d'un astéroïde géocroiseur est à la fois rare et commun. Rare, car un passage comme ça, on n'en aura pas avant 2027 (avec 1999-AN10, NDLR, et commun, car le dernier a eu lieu en 2015. Ce sont des phénomènes qui ont lieu plusieurs fois par décennie", explique Serge Brunier. 

Mais tous ne représentent pas le même péril pour l'humanité. Pour repérer les candidats à "la destruction du monde", la Nasa a mis au point un bureau spécialisé dans leur repérage et dans leur catégorisation, le Platenary Defence Coordination Office (PDCO). Sa mission est d'identifier les astéroïdes, mais aussi les comètes "potentiellement dangereux". Tout ce qui est susceptible de passer à une distance égale ou inférieure à 0,05 unité astronomique (soit 7.48 millions de km) et de taille supérieure à approximativement 30 ou 50 mètres y est suivi.

La Nasa se veut rassurante en affirmant que plus de 90% des géocroiseurs d'une taille de plus d'un kilomètre sont dûment identifiés. Si ce pourcentage est élevé, il laisse présager encore, d'une bonne part d'inconnu. Et, dans le même registre d'incertitude, seul un tiers des objets égaux ou inférieurs à 160 m sont effectivement répertoriés. C'est ainsi qu'en août 2016, l'astéroïde 2016 QA2, d'une taille estimée entre 16 et 52 m (soit 35 m), avait été détecté la veille par le Minor Planet Center.

> Pourquoi la Nasa classe-t-elle ce genre d'objets comme "potentiellement dangereux"?

Si aucun risque de collision n'est pour l'instant avéré pour 2014-JO25, pourquoi la Nasa l'a-t-elle cependant classé dans la catégorie "objets potentiellement dangereux"? La raison en est simple: "Personne ne peut prédire leur comportement au cours des millions d'années à venir.

Pour ce passage-là, il n'y aura pas de problème, pour le prochain non plus, mais on ne peut pas prévoir à quelques milliers ou millions d'années", précise Serge Brunier.

> Que se passerait-il en cas de collision?

Précisons déjà que le risque n'est nullement exclu puisque, c'est déjà arrivé pas plus tard qu'en 2013, en Russie. Par chance, le météore de Tcheliabinsk ne mesurait que 15 mètres de diamètre. Il s'est en grande partie désintégré dans l'atmosphère terrestre avant l'impact.

En matière de capacité destructrice, tout dépend de la taille et de la vitesse du météore. En l'occurrence, si un objet tel que 2014-JO25 frappait la Terre, il causerait des dégâts considérables. S'il tombait sur le sol terrestre, il créerait un cratère faisant entre 10 et 20 fois sa propre taille selon l'angle d'attaque. Outre la matière soulevée dans l'atmosphère lors de l'impact, l'énergie délivrée serait formidable, "l'équivalent à 1,5 million de bombes telle celle larguée sur Hiroshima." 

Un outil mis au point par la Purdue Universtity repéré par le Huffington Post permet de grossièrement simuler les conséquences d'un impact. Avec "Impact Earth!", il suffit d'(entre le diamètre, la densité de l'astéroïde, l'angle d'impact, sa vitesse en km/s et de voir ce qu'il se passe. En l'occurrence, avec des données similaires à celles que l'on peut supposer (sa taille comme sa densité ne sont pas encore des certitudes absolues) concernant 2014-JO25, le cratère serait de presque 8 km de large.

Mais l'impact ne serait pas à proprement parler une catastrophe planétaire. Pour ça, rappelait la Nasa dans un communiqué de 2014, le météore devrait faire au moins 1 km de large. Et de mentionner le champion du moment, l'astéroïde géocroiseur Toutatis, un poids lourd de 5,4 km de large.

David Namias