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Espace: le trou noir au centre de notre galaxie n'est pas si endormi qu'on le pensait

L'image du trou noir supermassif au cœur de notre galaxie, diffusée le 12 mai 2022.

L'image du trou noir supermassif au cœur de notre galaxie, diffusée le 12 mai 2022. - EHT COLLABORATION

Sagitarrius A* aurait connu dans un passé récent un puissant regain d'activité après avoir dévoré les objets cosmiques à sa portée.

On croyait le colosse endormi mais il s'avère plus glouton que prévu: Sagittarius A*, le trou noir supermassif tapi au centre de la Voie lactée, a connu dans un passé récent un puissant regain d'activité après avoir dévoré les objets cosmiques à sa portée.

Le festin a eu lieu il y a 200 ans, et le satellite spatial de la Nasa IXPE en a récemment détecté l'écho, selon une étude parue ce mercredi dans Nature.

Sagittarius A* (Sgr A*), qui doit son nom à sa détection dans la constellation du Sagittaire, est situé à 27.000 années-lumière de la Terre, au cœur de notre galaxie. Il a été observé dans les années 1990 par des astrophysiciens, et sa présence a été prouvée en images il y a un an.

Une masse d'environ quatre millions de soleils

D'une masse d'environ quatre millions de soleils, vieux de 13 milliards d'années, il a "toujours été vu comme un trou noir dormant", dit à nos confrères de l'AFP Frédéric Marin de l'Observatoire astronomique de Strasbourg, qui a dirigé les travaux.

Sgr A* se trouve dans un état de quiescence, comme la plupart des trous noirs supermassifs des centres galactiques qui ont avalé toute la matière dans leur rayon d'attraction. "On peut s'imaginer un ours entrant en hibernation après avoir tout dévoré autour de lui", ajoute ce chercheur du CNRS.

Du gaz et de la poussière engloutis

Mais son équipe a découvert qu'à la fin du XIXe siècle (une période établie via l'estimation de la distance), le monstre est sorti de sa torpeur et a englouti le gaz et de la poussière qui passaient trop près de lui, pendant plusieurs mois, voire une année. Avant de se rendormir.

Durant cette période, Sgr A* a été "au moins un million de fois plus lumineux qu'il ne l'est aujourd'hui", explique Frédéric Marin. Soit une puissance équivalente à celle des trous noirs supermassifs extrêmement actifs à l'origine des quasars, comme son congénère M87* de la galaxie Messier 87, à 55 millions d'années-lumière.

Le pic d'appétit de Sgr A* a été trahi par un rayonnement inhabituel de nuages moléculaires dans son voisinage: des géants faits de gaz et de poussières gelées, "par définition froids" et qui "ne devraient pas émettre autant de lumière en rayons X (invisibles pour l'œil humain, NDLR)", selon le chercheur.

L.D. avec AFP