Espace: l'Europe tente de valider les théories d'Albert Einstein
100 ans après avoir été prédites, l'Europe va tenter de vérifier la théorie des ondes gravitationnelles d'Albert Einstein. L'Agence spatiale européenne (ESA) va lancer mercredi, depuis la base de Kourou en Guyane, un satellite qui pourrait permettre, à terme, de permettre la création d'un observatoire spatial en charge de détecter ces fameuses ondes qui, en se propageant dans l'univers, feraient osciller l'espace-temps.
La fusée transportant le satellite, construit sous la maîtrise d'oeuvre d'Airbus Defence & Space, devrait décoller du Centre spatial guyanais mercredi à 1h15 de Kourou, 5h15 heure de Paris. Au décollage, le satellite aura une masse de 1.900 kilos. Il est composé d'un module scientifique ainsi que d'un module de propulsion distinct.
Des mesures au millième de milliardième de mètre
Au bout d'1 heure et 45 minutes, LISA Pathfinder, le nom de ce satellite, se séparera du lanceur léger européen, Vega, et entamera un long voyage qui l'emmènera, par une série de manoeuvres, sur son orbite opérationnelle à environ 1,5 million de kilomètres de la Terre. Un coin très tranquille où l'attraction du Soleil et de notre planète se compensent.
Le module de propulsion se détachera au bout de 50 jours environ. Le satellite "ne devrait pas arriver à destination avant fin janvier", selon Andreas Rudolph, directeur du vol, cité dans un communiqué de l'ESA. Equipé de panneaux solaires fixes, ce module scientifique sera équipé d'un laser apte à mesurer les variations de distance entre deux masses test flottant librement. La précision des mesures sera de l'ordre du picomètre - un millième de milliardième de mètre. Si les tests sont concluants, cette technologie équipera le futur observatoire, LISA.
430 millions d'euros investis
Si le projet aboutissait, il viendrait concrétiser la théorie sur la relativité d'Albert Einstein. Le 25 novembre 2015, le célèbre physicien établissait que sous l'effet de la force de gravité, la matière en mouvement courbe l'espace-temps. Celle-ci déclenche alors des ondes gravitationnelles qui vont se déplacer dans l'espace à la manière des rides à la surface de l'eau provoquées, par exemple, par la chute d'une pierre.
Avec LISA Pathfinder, "on ne cherche pas à trouver des ondes gravitationnelles" car la distance entre les deux masses est trop petite, précise Pierre Binétruy, physicien français. Pour LISA, la distance sera portée à 1 million de kilomètres. Et les trois satellites seront équipés de télescopes. "LISA Pathfinder est actuellement prévue pour durer un an", explique César Garcia, responsable de ce projet à l'ESA. L'agence européenne a déboursé "environ 430 millions d'euros" pour cette ambitieuse mission test, qui a démarré en 2004, indique le responsable.
"Cette mission est un premier pas fondamental. Nous voulons être sûrs que nous maîtrisons le risque technologique, que c'est faisable, avant de nous lancer dans la construction du laboratoire LISA, qui sera très coûteux", ajoute-t-il
"Reconstruire l'histoire de l'Univers"
Actuellement, seuls des observatoires installés notamment aux Etats-Unis et en Italie recherchent activement une preuve directe de l'existence de ces ondes gravitationnelles, extrêmement faibles, qui se propagent à la vitesse de la lumière. "Disposer d'un observatoire dans l'espace permettra de voir les grands déplacements de masse dans l'Univers, les événement très violents comme par exemple une collision de galaxies et la fusion de deux trous noirs", explique le physicien français Pierre Binétruy, de l'Université Paris-Diderot.
"Nous espérons pouvoir reconstruire l'histoire de l'Univers et remonter à des événements très primordiaux", qui ont suivi le Big Bang, ajoute ce professeur impliqué dans le projet de futur observatoire européen.