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Espace: Clément Huber sera-t-il bientôt le nouveau Thomas Pesquet?

L'Agence spatiale européenne (ESA) cherche à constituer ses futures troupes d'astronautes. Clément Huber, ingénieur grenoblois de 29 ans, est l'un des 1500 candidats à avoir été retenu à l'issue de la première étape de sélection. Il a répondu aux questions de BFMTV.com.

À seulement 29 ans, Clément Huber fait partie des 20.000 candidats qui ont posé leur candidature dans l'espoir d'intégrer les rangs de la prestigieuse Agence Spatiale Européenne en tant qu'astronaute. Après une première sélection, l'ingénieur grenoblois est parmi les 1500 profils retenus pour passer une première série de tests psychomoteurs.

"Le but, c'est de faire partie des six astronautes qui seront sélectionnés (...). Ce genre d'opportunité, ça n'arrive jamais, c'est quelque chose qui n'arrive qu'une fois dans une vie", explique Clément Huber à BFMTV.com.

"C'est seulement la 4e fois que l'ESA effectue une sélection d'astronautes depuis sa création en 1975, donc il faut vraiment que les étoiles soient alignées", reconnaît le jeune homme, qui se considère "chanceux" que cette opportunité "se présente dans la bonne fenêtre de tir, dans la bonne période de (sa) vie".

"Une préparation pas comme une autre"

"Je suis passionné depuis tout petit par le métier d'astronaute", nous confie sans surprise le jeune homme au CV bien rempli, qui revendique "un parcours pluridisciplinaire". À l'issue de sa formation d'ingénieur en robotique à l'école SUPAREO de Toulouse, Clément Huber a travaillé pendant 4 ans dans la recherche et le développement d'une start-up française qui développe des voitures sans chauffeur. Et depuis octobre dernier, il exerce dans une entreprise développant des algorithmes de régulation de la glycémie pour les personnes diabétiques.

En parrallèle, le Grenoblois est engagé dans l'Armée de Terre en juin dernier. Après une formation à l'école militaire de Saint-Cyr, il a rejoint les troupes alpines auprès des chasseurs alpins. Mais il n'ignore pas que la sélection pour rejoindre l'Agence spatiale européenne est rude: cela fait maintenant plus d'un an qu'il se prépare d'arrache pied à cette échéance. "C'est une candidature assez insolite et une préparation pas comme une autre", nous confie-t-il. "J'ai d'ailleurs passé mon brevet de plongée, pris des cours de russe et repris une formation de pilote d'avion privé pour l'occasion".

Mais comment se démarquer parmi autant de prétendants? Clément Huber espère que son parcours singulier fasse la différence auprès de l'ESA, et puisse coller avec "la multitude des activités que peuvent mener les astronautes". "Aujourd'hui j'ai réussi à organiser ma vie de façon à retrouver toutes ces activités, qu'elles soient opérationnelles ou plus techniques".

Thomas Pesquet, "c'est un exemple pour moi"

Selon lui, les critères de sélection de l'Agence spatiale ont tendance à évoluer ces dernières années. "Les compétences techniques des pilotes peuvent passer au second plan par rapport aux aspects humains et scientifiques", estime le jeune homme de bientôt 30 ans.

"Si au tout début de la conquête spatiale, ils recherchaient notamment des pilotes d'essais, aujourd'hui avec la robotisation ils vont plus rechercher des personnes capables de réaliser des expériences scientifiques ou de travailler en équipe".

Pour Clément Huber, c'est "l'aspect humain qui va faire la différence" dans cette compétition, "parce qu'il faut des personnes qui soient adaptables et capables d'apprendre vite, mais aussi des personnes qui soient lucides en toutes circonstances, et notamment dans des situations extrêmes. Mais aussi des personnes capables de vivre en équipage dans un espace confiné pendant de longues périodes".

Enfin, lorsqu'on évoque l'astronaute français Thomas Pesquet (qui revient tout juste d'un séjour de six mois en orbite dans la Station spatiale internationale), un sourire se dessine sur son visage. "C'est un exemple pour moi, il est trop parfait", lance Clément Huber. Et d'ajouter, en riant: "il est presque énervant donc je vais essayer de ne pas trop me comparer à lui. Mais j'ai un peu marché dans ses pas en étudiant dans l'école d'ingénieur SUPAERO de Toulouse".

Le jeune homme va désormais devoir s'armer de patience, car il ne saura que fin janvier s'il passe l'étape suivante. Au total, les six épreuves de sélection s'étalent de mars 2021 à octobre 2022. Il n'en restera que six.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV