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En Camargue, une moule chinoise décime les cours d'eau

Deux anodontes chinoises vivantes, dans un cours d'eau japonais

Deux anodontes chinoises vivantes, dans un cours d'eau japonais - Image Wikimedia Commons - Hirase

Bien plus grosse et plus résistante que ses cousines européennes, la moule chinoise envahit les cours d'eau de France.

Jusqu'à trente centimètres de long pour un poids de 800 grammes. L'anodonte chinoise, une moule géante, décime les cours d'eau en s’imposant comme la seule espèce de référence déséquilibrant la faune, notamment en Camargue révèle Midi Libre. Introduite dans les années 80 dans la région, "elle se répand comme une traînée de poudre sur tout le territoire français", assure au quotidien local Vincent Prié, un biologiste de l’Hérault, rattaché au Muséum d’histoire naturelle de Paris.

"C'est spectaculaire comme invasion. Dans la région, cette espèce est par exemple bien implantée dans le fleuve Hérault vers Florensac. J'y ai plongé il y a une dizaine d'années. On essayait alors d'estimer la quantité d'anodontes autochtones. Ces dernières étaient très communes, puis l'anodonte chinoise est arrivée, j'ai replongé dernièrement et il n'y a plus qu'elle. Cette espèce exotique a fait disparaître les anodontes locales en cinq à dix ans; c'est rare que ça aille aussi vite", explique le biologiste.

La vente en animalerie pointée du doigt

Si la moule est un animal sédentaire, elle peut se déplacer lorsque ses larves se fixent sur les branchies des poissons avant de se laisser tomber au fond de l’eau. Or, les larves de la moule chinoise, non contentes de pouvoir se greffer sur de nombreuses espèces de poissons, sont produites en grande quantité, infestant les porteurs et les affaiblissant. Enfin, la moule chinoise n’est pas regardante et peut se développer en dépit de la pollution des cours d’eau.

"Il faut absolument surveiller l’évolution et commencer à agir", alerte Vincent Prié. Selon lui, il faut encadrer l’alevinage, la technique de peuplement des eaux en poissons: "On pourrait proposer aux fédérations de pêches, soit une mise en quarantaine des poissons avant de les relâcher, soit le ré-alevinage à partir de poissons locaux non infestés par l’anodonte chinoise", explique-t-il à Midi Libre. Il estime également que la vente de cette espèce en animalerie "pour la bio-épuration des étangs", doit être interdite.

Guillaume Dussourt