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Elle n'a peur de rien, mais c'est génétique

Des multiples agressions dont elle a été victime, aucune ne l'a effrayée.

Des multiples agressions dont elle a été victime, aucune ne l'a effrayée. - -

Atteinte de la maladie d'Urbach Wiethe, S. M. ne connaît pas la peur mais permet aux chercheurs de poursuivre leurs travaux sur le fonctionnement du cerveau.

S. M. est une Américaine de 46 ans. Elle vit dans un quartier pauvre au taux de criminalité élevé, au sein d'une grande ville, et elle le vit très bien. Atteinte d'une maladie génétique rare, S. M. ne connaît pas le sentiment de la peur. Elle est devenue le sujet d'étude de nombreux chercheurs qui voient en elle la possibilité de mieux connaître le fonctionnement de notre cerveau.

La pathologie de S. M. s'appelle la maladie d'Urbach-Wiethe, comme le décrit le blog Passeur de sciences. Elle se manifeste généralement par des symptômes dermatologiques mais parfois, des calcifications se produisent dans le cerveau. C'est son cas, plus précisément dans les amygdales, la zone responsable du sentiment de peur chez l'être humain.

S. M. connaît donc toute la palette des sentiments humains, mais ignore totalement la peur, ou plutôt, le sentiment de danger. C'est comme si elle était privée de tout instinct de survie.

"Je vais te découper, salope!"

Ses récits sont frappants : elle a été menacée de mort et agressée à plusieurs reprises dans son quartier, mais jamais elle n'a été traumatisée par ces expériences.

En rentrant chez elle, un soir, un individu l'a menacée de la tuer, un couteau sur la gorge, en lui disant "Je vais te découper, salope !" Il s'est ensuite éloigné, peut-être surpris par le manque total de réaction de sa cible, qui continua de traverser ce même parc tous les jours, matin et soir.

Un sentiment de panique

Des chercheurs américains ont cependant réussi à lui faire ressentir la panique, ouvrant des hypothèses intéressantes sur l'origine de ce sentiment dans notre cerveau. Au cours d'une expérience dont le principe peut interpeller, publiée dans la revue Nature Neuroscience, les scientifiques lui ont fait respirer un mélange gazeux contenant 35% de CO2, soit une densité 900 fois supérieure à celle de l'atmosphère.

S. M. s'est alors sentie mal, elle s'est mise à haleter, son ryhtme cardiaque s'est accéléré, elle a montré des signes de détresse et a tenté d'arracher son masque. 

Que nous apprend cette expérience ? L'hypothèse des chercheurs est qu'il existe dans notre cerveau plusieurs manières de ressentir la peur. L'une d'elle se rapporte aux stimuli externes, à l'analyse de la situation décrites ar nos sens, et l'autre réagit aux stimuli biologiques internes, comme le taux de CO2 dans l'organisme.

Elle n'avait pas ressenti ça depuis son enfance, une époque à laquelle sa maladie n'avait pas encore atteint le cerveau.