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Défaut sur la cuve de l'EPR de Flamanville: des essais seront menés pendant plusieurs mois

L'EPR de Flamanville en construction, le 6 novembre 2014.

L'EPR de Flamanville en construction, le 6 novembre 2014. - Charly Triballeau - AFP

L'Autorité de sûreté nucléaire a signalé en avril une anomalie sur la cuve du réacteur en construction, due à une concentration en carbone plus élevée que la norme. Auditionnés jeudi par les députés, les experts ont dessiné les contours d'un long processus de vérification de sa conformité et de sa sûreté.

Les difficultés s'accumulent à Flamanville. En avril dernier, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé avoir trouvé un défaut technique sur l'EPR en construction de Flamanville (Manche), frappant la cuve d'acier du réacteur. Une anomalie due à une concentration de carbone plus importante que la norme, a indiqué jeudi le gendarme du nucléaire lors d'une audition à l'Assemblée nationale. 

Programme d'essais sur la cuve pendant plusieurs mois

"Plus il y a de carbone, plus la résistance à l'impact diminue" a expliqué Thomas Pardoen, professeur à l'Université catholique de Louvain.

Areva avait communiqué à l'ASN une teneur en carbone supérieure à celle attendue dans une carotte centrale sur le couvercle (0,30% pour une valeur visée de 0,22%). Areva doit maintenant justifier que "les propriétés du matériaux du couvercle et du fond de la cuve sont suffisantes pour un usage nucléaire", et ce malgré l'anomalie, a expliqué Rémy Catteau, directeur des équipements sous pression de l'ASN, aux députés réunis par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques.

L'ASN a reçu le 13 mai le programme d'essais d'Areva sur la cuve, des essais qui prendront plusieurs mois. Pierre-Franck Chevet, président de l'ASN, prévoit une "prise de position sur l'anomalie de la cuve quelque part dans le premier semestre 2016" qui sera déterminante pour l'avenir de l'EPR.

L'entreprise Areva "assez confiante" quand à son "aptitude à l'emploi"

Pour l'Institut de sûreté nucléaire (IRSN), l'expertise permettra de dire "si la cuve telle qu'elle est" avec ces zones chargée en carbone présente "une résistance suffisante (...) en situation normale et accidentelle". Le nouveau procédé d'élaboration des lingots qui permettent de réaliser les deux pièces de la cuve a été critiqué par Jacques Repussard, directeur général de l'IRSN, qui l'a qualifié de "régression".

Ce changement est dû à la taille du couvercle de l'EPR de Flamanville, plus épais que les précédents et qui "nécessite d'autres lingots plus gros" que les autres réacteurs, a justifié Bertrand de l'Epinois d'Areva. Ce changement de taille est responsable selon lui du haut niveau de carbone dans les pièces.

Le président de l'ASN a rejeté le terme d'"anomalie réglementaire". "Il s'agit clairement d'une anomalie", "ce n'est pas la réglementation qui est en cause". Il a souligné que l'anomalie était une "anomalie sérieuse même sous l'ancienne réglementation". L'entreprise Areva s'est dit "assez confiante" quand à "l'aptitude à l'emploi" de la cuve.

la rédaction avec AFP