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Dauphins chassés aux Iles Féroé: "C'est un véritable massacre"

Aux îles Féroé, la chasse aux dauphins-globicéphales, le nom de cette espèce, fait partie des traditions culturelles.

Aux îles Féroé, la chasse aux dauphins-globicéphales, le nom de cette espèce, fait partie des traditions culturelles. - Sea Sheperd

Quatorze militants de l'ONG Sea Shepherd, dont huit Français, ont été arrêtés en fin de semaine au large des îles Féroé, province autonome du Danemark, pour avoir voulu protéger des dauphins menacés par des bateaux de pêche.

Il est presque 16 heures samedi dernier quand les bénévoles de l'ONG Sea Shepherd, embarqués sur trois petits bateaux patrouillant non loin des côtes des Iles Féroé, reçoivent une alerte. Une trentaine de dauphins viennent d'être repérés par d'autres militants de l'association écologiste, restés à terre sur les côtes de l'archipel, situé entre l'Islande et l'Ecosse.

Harponnage et interpellations

Les mammifères marins ne sont pas seuls: derrière eux, des bateaux de pêche féringiens (des îles Féroé, ndlr), sont en train de les pourchasser jusqu'à réussir à les bloquer dans une crique. Les embarcations de l'ONG se ruent sur place, mais arrivent trop tard: le harponnage au crochet et au couteau a commencé. L'eau est déjà colorée du sang des dauphins. Les 33 cétacés ne survivront pas.

Un navire de la Marine danoise (les îles Feroé sont une province autonome du Danemark, ndlr), après une première sommation, interpelle alors les activistes. Le matériel photo et les bateaux sont confisqués. Les quatorze militants, dont huit Français, sont menottés puis emmenés par hélicoptère sur l'île de Sandoy. Ils seront libérés après une nuit en prison, mais attendent désormais leur procès. Chef d'accusation? "Entrave à une opération de pêche légale".

Chairs impropres à la consommation

Cette pêche porte un nom, le "grind". "C'est une tradition culturelle qui remonte à plus de mille ans, mais qui n'est absolument plus nécessaire aujourd'hui", explique à BFMTV.com la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali. "On estime qu'entre 900 et 1.500 dauphins sont tués chaque année. Il n'y a aucune sélection dans cette chasse: les femelles, les bébés, les mâles, tous sont massacrés sans distinction, principalement entre juin et octobre."

"Les chairs sont très peu consommées car toxiques à cause de la pollution marine, donc le fruit de cette chasse est rarement commercialisé. Il n'y a pas de marché, c'est un énorme gâchis. Les Féringiens perpétuent ce massacre uniquement pour le folklore", poursuit la jeune femme d'un ton grave. "Les mentalités commencent à évoluer là-bas, mais il est encore difficile de s'opposer publiquement à cette pratique, sous peine d'être taxé d'anti-patriotique".

L'association déboutée par Bruxelles

Si le dauphin est une espèce protégée en Europe, sa pêche reste tolérée dans l'archipel des Féroé. Bien que sous protectorat danois, la province n'est pas membre de l'Union européenne, et échappe pour le moment à ces conventions. C'est le motif qui a conduit la Commission européenne, saisie par Sea Shepherd, à débouter l'association en décembre dernier. L'ONG réclamait un gel des subventions versées au Danemark -et donc aux îles Féroé- tant que le "grind" serait autorisé. "Aujourd'hui, il faudrait que la France porte plainte contre le Danemark devant le Tribunal pénal international,

Lasse, en juin dernier, l'ONG Sea Shepherd a lancé une mission prévue pour durer quatre mois dans l'archipel, afin d'éloigner les dauphins des bateaux de pêche avant qu'ils ne se fassent harponner. Une présence activiste fortement compromise par l'épisode de samedi dernier. "Trois de nos bateaux sont aux mains de la justice jusqu'au 25 septembre prochain. On saura ce jour-là s'ils nous sont rendus", indique Lamya Essemlali. La pêche aux cétacés, elle, se poursuit.