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D'énormes quantités de micro-organismes au fond des océans

Image d'une algue bleue-verte filamenteuse de type Lyngbya. Les profondeurs de l'océan abritent une quantité phénoménale de micro-organismes, dont une colonie de bactéries de la taille de la Grèce, tapie au fond du Pacifique, ont annoncé dimanche des biol

Image d'une algue bleue-verte filamenteuse de type Lyngbya. Les profondeurs de l'océan abritent une quantité phénoménale de micro-organismes, dont une colonie de bactéries de la taille de la Grèce, tapie au fond du Pacifique, ont annoncé dimanche des biol - -

par Alister Doyle OSLO - Les profondeurs de l'océan abritent une quantité phénoménale de micro-organismes, dont une colonie de bactéries de la...

par Alister Doyle

OSLO (Reuters) - Les profondeurs de l'océan abritent une quantité phénoménale de micro-organismes, dont une colonie de bactéries de la taille de la Grèce, tapie au fond du Pacifique, ont annoncé dimanche des biologistes marins.

L'étude qu'ils menaient, qui s'inscrit dans le projet "Census of Marine Life" (recensement de la vie marine), a révélé l'existence d'une quantité de microbes inconnus, de zooplancton, de crustacés, de vers, dont l'existence constitue le socle de toute la vie marine.

Ce projet de recensement, étalé sur dix ans, doit prendre fin en octobre 2010.

"L'ampleur des découvertes du recensement n'a été aussi importante dans aucune autre catégorie de la vie marine", a souligné Mitch Sogin, du laboratoire de biologie marine de Woods Hole, dans le Massachusetts, qui dirige la partie du projet consacrée aux micro-organismes.

Selon l'étude, le nombre d'organismes unicellulaires dans les océans du monde est estimé à un "nonillion", soit 1.000.000.000.000.000.000.000.000.000.000 (1 suivi de 30 zéros). Leur masse cumulée équivaudrait à celle de 240 milliards d'éléphants d'Afrique.

Mieux comprendre cette formidable population, qui représente entre 50% et 90% de la biomasse marine, permettra de mieux analyser l'évolution des océans sous l'effet du climat ou de la pollution.

Parmi les plus grands regroupements du monde vivant figurent des tapis de bactéries géantes multicellulaires qui recouvrent le fond de l'océan au large du Pérou et du Chili. Vivant dans des eaux pauvres en oxygène, elles se nourrissent de sulfure d'hydrogène.

99% D'ESPÈCES INCONNUES

"Parfois, les pêcheurs n'arrivent plus à remonter leurs filets du fond, parce qu'ils contiennent plus de bactéries que de crevettes. Nous avons mesuré jusqu'à un kilo de bactéries par mètre carré", a raconté à Reuters Victor Gallardo, vice-président du comité de pilotage du recensement.

Ces bactéries, qui recouvrent environ 130.000 kilomètres carrés, soit la superficie de la Grèce, sont toxiques pour l'homme mais représentent une importante source alimentaire pour les crevettes et les vers, qui sont eux-mêmes la pitance de la plupart des poissons.

On a aussi trouvé ces bactéries dans d'autres zones pauvres en oxygène au large du Panama, de l'Equateur, du Mexique et de la Namibie, ainsi que dans les "zones mortes" situées sous les fermes de saumons.

Les écosystèmes qu'elles forment sont comparables à ceux qui prospéraient entre 2,5 milliards d'années et 650 millions d'années avant notre ère.

Les chercheurs estiment à un milliard le nombre d'espèces de microbes encore non répertoriées. Selon Paul Snelgrove, de l'université Memorial au Canada, un seul échantillon prélevé dans l'Atlantique Sud sur une zone de 5,4 mètres carrés (l'équivalent d'une petite salle de bain) a révélé 700 espèces de copépodes, une variété de crustacés, dont 99% étaient inconnues.

Le simple fait de trouver un nom latin pour chacune d'entre elles sera difficile, et les biologistes ont renoncé à l'idée de collecter des fonds en laissant les particuliers payer pour donner leur nom à un microscopique crustacé marin.

Gregory Schwartz pour le service français