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Corse: faux tsunami, mais vrai vent de panique

Vue du port de Bastia, à partir d'un balcon.

Vue du port de Bastia, à partir d'un balcon. - Dany Tolenga – flickr - CC

Une alerte au tsunami a fait souffler, pendant une petite heure, un vent de panique, jeudi soir en Haute-Corse. Mais la vague annoncée n'a jamais frappé le littoral. Et pour cause, selon un sismologue, l’alerte au tsunami n’aurait jamais été émise.

Une alerte au tsunami a fait pschitt jeudi soir en Corse. Tout est parti d'un bulletin du Centre sismique européen diffusé peu avant 21 heures et visiblement mal compris. Après un tremblement de terre de magnitude 6,1 au large de la Crète une vague de un mètre était censée atteindre le rivage corse. L’épicentre du séisme quant à lui bien réel a été repéré à environ 20 km sous la surface de la mer, à 50 km de la zone où se rejoignent les plaques africaine et eurasiatique, selon l'observatoire géologique américain (USGS).

En Haute-Corse, la préfecture relaie aussitôt l'information (erronée), s'aidant des médias, dont France Bleu et RFC. A Bastia, les patrouilles de police procèdent à l'évacuation des lieux possiblement exposés à la vague annoncée. Ajaccio, qui a également reçu l'alerte, ne la relaie pas encore.

A Bastia, une vingtaine de terrasses ou salles des restaurants des bords de mer ont donc été évacuées. Sur le cordon lagunaire de la Marana la circulation a été un temps interdite et les pompiers ont reçu dans l'intervalle quelque 500 appels en une heure. De nombreux Bastiais avaient pris leurs voitures pour gagner les hauteurs de la ville.

"En trois minutes, l'établissement s'était vidé"

Un restaurateur a raconté à RMC la panique qui s'était emparée de la ville et sa colère d'avoir vu ses clients déguerpir pour rien. "La police est arrivée et ils nous ont demandé d'évacuer les gens, de tout fermer, de tout couper. Vingt minutes après ils nous ont dit que c'était une fausse alerte".

Avec leur alerte au tsunami, "ils ont mis les gens en panique. En trois minutes, l'établissement s'était vidé. Les clients étaient apeurés et pas mal sont partis sans payer, ça fait un manque à gagner sur une soirée comme ça. C'est choquant."

Finalement, la vague qui devait frapper le littoral corse ne l'a jamais atteint.

Les sismologues démentent toute alerte au tsunami

Dès jeudi, le préfet de Haute-Corse avait donné à France Bleu sa version sur l'origine de cette méprise: "Nous avons été informés par la préfecture de zone de défense à 20h48 qu’un séisme avait eu lieu. (…) Et puis nous avons reçu, une demi-heure plus tard, un nouveau calcul du centre sismique euro-méditerranéen qui a fait valoir que l’événement était moins important que prévu (4,9 sur l’échelle de Richter) et qu’il n’entraînerait plus un phénomène de tsunami. Donc immédiatement, l’alerte a été levée."

Le Centre sismique euro-méditerranéen dément quant à lui "catégoriquement" qu’une alerte au tsunami ait été jamais lancée. D’une part, car selon Rémy Bossu, sismologue joint par BFMTV.com, entre la Crète et la Corse l’Italie ferait barrage. D’autre part, le scientifique rappelle qu’il n’est pas de la responsabilité de son organisme d’émettre ce genre d’alertes, réservées par définition au Cenalt (Centre national d’alerte aux tsunamis). Quant au "nouveau calcul" évoqué par les autorités, il ne s’agissait en réalité que d’une réplique effectivement survenue une heure après, toujours au large de la Crète. Une incompréhension dans l’incompréhension, en quelque sorte.