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Conquête de Mars: les nombreux risques d'un voyage dans l'espace

Vue d'artiste de ce que pourrait être un jour un ascenseur spatial qui permettrait de s'arracher à moindre coût de la gravité terrestre.

Vue d'artiste de ce que pourrait être un jour un ascenseur spatial qui permettrait de s'arracher à moindre coût de la gravité terrestre. - RMC Découverte

Sans vouloir décrier l'enthousiasme des explorateurs spatiaux, voyager dans l'espace et ambitionner de coloniser d'autres planètes, reste le plus grand défi auquel l'Homme s'est jamais attaqué. Après la Lune, Mars semble la plus accessible des destinations spatiales à conquérir. Mais voyager et vivre dans l'espace reste un pari mortel.

Pour le projet Mars One, qui envisage d'envoyer des missions habitées et sans retour sur la planète rouge, plus de 200.000 candidats s'étaient fait connaître, selon les organisateurs. Mais au terme d'un troisième round qui vient de commencer, 24 personnes devront être sélectionnées parmi la centaine de femmes et d'hommes qui, à parité égale, poursuivent les tests. Si cet écrémage semble drastique, c'est que l'espace est par définition un milieu hostile, pour ne pas dire impitoyable. Certains, comme Jérémy Saget, dernier Français en lice pour cette aventure martienne, débordent d'enthousiasme. Mais le défi est tel qu'on est en droit de se demander s'ils ont bien évalué les risques.

Dans le premier des documentaires de la soirée spéciale "Vivre dans l'espace" de ce jeudi 19 février, à suivre à partir de 20h45 sur RMC Découverte, Neil deGrasse Tyson résume bien l'étendue du problème. Cet astrophysicien américain, grand admirateur de Carl Sagan, dont il a repris récemment la série de documentaires Cosmos explique:

"Les astronautes qui partent à la conquête de l'espace sont souvent comparés aux grands explorateurs des 15e et 16e siècles, ces hommes qui ont été les premiers à traverser les océans vers des territoires inconnus, sans savoir s'ils reviendraient un jour. C'est vrai qu'il existe des points communs, mais il y une différence majeure. Quand Cortés est arrivé en Amérique du Sud, quand Christophe Colomb est arrivé aux Caraïbes, il y a avait de l'oxygène sur place, il y avait des fruits pour se nourrir. Imaginez que le moteur d'Apollo 11 soit tombé en panne quand Neil Armstrong et Buzz Aldrin se sont posés sur la Lune. Qu'auraient-ils fait? Rien. Ils seraient morts".

Radiation, apesanteur, projectiles lancés à grande vitesse

Si tout se passe bien au décollage de leur fusée à propulsion chimique, les astronautes ne sont pas au bout de leurs peines. Il faudra passer à travers la multitude de débris spatiaux, on parle de plus de 9.000 objets de plus de 10 cm, qui gravitent autour de notre planète, puis il faudra encore faire face aux radiations cosmiques. Celles provenant de notre Soleil sont déviées en partie par le champ magnétique de la Terre et partiellement bloquées par la couche d'ozone. Mais dans l'espace, un astronaute reçoit autant de particules solaires en 24 heures qu'un habitant de la Terre en six mois.

Passé le problème de désorientation, l'apesanteur pose aussi ses difficultés pour les plus longs voyages. Atrophie des muscles, fragilisation des os, troubles digestifs, les voyageurs spatiaux devront entretenir scrupuleusement leur forme physique. Enfin, les bactéries se développent cinquante fois plus vite dans le cosmos que sur Terre. Dans des environnements confinés comme un vaisseau spatial ou une station orbitale, cela pourrait s'avérer catastrophique.

Un coût pour l'instant... astronomique

Enfin, envoyer quoi que ce soit dans l'espace coûte une fortune. Pour s'arracher à la gravité terrestre et atteindre l'espace, un objet doit atteindre une vitesse dite de libération de près de 28.000 km/h. La dépense énergétique pour maintenir une telle vitesse en luttant contre la force gravitationnelle est donc considérable. Ainsi, le coût d'un kilogramme mis en orbite est pour l'heure de plusieurs milliers d'euros. En utilisant le lanceur Ariane 5 qui offre le meilleur ratio, il est d'environ 7.500 euros. Et le problème est d'autant plus prégnant que toutes les provisions nécessaires doivent être emportées au départ, oxygène et eau compris.

C'est pourquoi les scientifiques réfléchissent à d'autres méthodes que la force brute pour atteindre l'espace. L'ascenseur spatial constitue l'un de ces projets fous, dont certains prévoient qu'il pourra voir le jour dans les années 2050. La difficulté ici n'est pas tant la mise en orbite du satellite géosynchronisé, duquel serait envoyé un câble vers la surface terrestre, que la solidité dudit câble. Long de quelque 90.000 kilomètres, il devra supporter une masse colossale. La fibre qui permettra de mettre en place ce genre de dispositif - certains parient sur les nanotubes de carbone - reste encore à inventer.

Ci-dessous, un extrait du documentaire inédit de jeudi traitant du voyage spatial 

David Namias avec RMC Découverte