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Climat tendu à Quimper autour du sort du groupe Doux

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par Pierre-Henri Allain QUIMPER (Reuters) - L'examen des offres de reprise du groupe volailler Doux, en redressement judiciaire depuis le 1er juin,...

par Pierre-Henri Allain

QUIMPER (Reuters) - L'examen des offres de reprise du groupe volailler Doux, en redressement judiciaire depuis le 1er juin, a commencé vendredi à Quimper dans un climat de forte tension et d'inquiétude.

Des dizaines d'élus du Centre-Bretagne, ceints de leur écharpe tricolore et accompagnés par 200 à 300 manifestants, ont défilé au son des cornemuses devant le tribunal de commerce, derrière une banderole "non au démantèlement du groupe Doux".

"Nous avons déposé une motion à la préfecture pour demander des garanties sur les emplois et le maintien du siège social à Chateaulin", a dit Jean-Yves Le Floch, premier adjoint de cette mairie du Finistère, qui compte sur le tribunal pour "choisir la moins mauvaise solution".

Les juges vont écouter les représentants des 14 entreprises du consortium dirigé par Sofiprotéol, qui a fait une offre prévoyant le maintien de 2.707 salariés et 371 reclassements sur un total de 4.195 salariés en contrats à durées déterminée ou indéterminée.

Les avocats de Charles Doux présenteront quant à eux leur plan de continuation. Ce plan prévoit la prise de contrôle du groupe par la banque Barclays à hauteur de 80% et la préservation d'environ 3.100 emplois au cas où le pôle frais serait repris par deux sociétés concurrentes, le volailler ne conservant que les pôles export et produits élaborés.

Les syndicats sont partagés entre les deux solutions, la CFDT privilégiant le plan de Charles Doux "avec de grandes réserves", tandis que FO et la CGT préfèrent celui du consortium.

LES ÉLEVEURS POUR DOUX

"Si c'est le plan de cession au consortium qui se réalise, ce sera plus dur sur l'instant, plus traumatisant, mais c'est ça l'avenir, c'est ça qui peut nous emmener plus loin. La politique de Charles Doux, c'est fini, c'est obsolète", a dit Raymond Gouiffes, délégué central CGT.

"Barclays n'est pas une banque nationale et si elle prend le contrôle de Doux, ce ne sera pas pour investir dans l'outil, ni pour améliorer les conditions de travail", a t-il ajouté.

Barclays échangerait en effet sa créance de 140 millions d'euros sur Doux en échange d'une participation de 80%.

Pour Nadine Hourmant, déléguée FO, les entreprises réunies autour de Sofiprotéol "connaissent l'aviculture et nous promettent un avenir plus serein".

Des militants FO ont déposé un cercueil rempli de poulets vivants et recouvert du nom de sites fermés devant le tribunal, où des dizaines de militants syndicaux ont crié des slogans hostiles à Charles Doux.

Dans la salle des pas perdus se sont également pressés des dizaines d'éleveurs convoqués à l'audience et venus de toute la France pour défendre leur activité.

La plupart sont prêt à défendre le plan de continuation de Charles Doux, plus à même selon eux d'honorer leurs créances.

"Beaucoup d'éleveurs soutiennent Doux mais ce qui les intéresse c'est seulement de récupérer leurs arriérés et non d'entrer dans le capital", a dit Jean-Yves Bacon, membre de l'association des éleveurs de Bretagne fournisseurs de Doux.

Une délégation est venue de Vendée avec des banderoles disant leur refus d'être rachetés par la société Daviet comme le prévoit l'offre du consortium mené par Sofiprotéol.

L'audience, à l'issue de laquelle la décision des juges sera mise en délibéré, pourrait se prolonger tard dans la soirée.

Pierre-Henri Allain