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Climat: comment des entreprises du numérique cherchent à réduire leur empreinte carbone

Quand le numérique peut rimer avec écologique

Quand le numérique peut rimer avec écologique - BFMTV

Internet pèse lourd en termes d’empreinte carbone. C'est pourquoi certaines entreprises se sont lancées dans le business du web écolo. A la clef, énergies renouvelables et recyclage de chaleur. Des solutions encore peu connues mais amenées à se multiplier dans les années à venir.

Envoyer un mail, surfer sur réseaux sociaux, utiliser les applications… tous ces gestes devenus anodins passent par les data centers qui stockent nos données. Des machines gourmandes en énergie qu'il faut alimenter et refroidir constamment pour éviter la surchauffe. 

C'est ce qui génère la pollution numérique, amenée à devenir de plus en plus conséquente avec notre dépendance croissante au digital. Selon un rapport de la GeSI (Global e-Sustainability Initiative), la toile produit déjà à elle seule 2% des émissions de CO2. Ce qui constitue presque autant que l'empreinte carbone laissée par le trafic aérien. En 2019 ce sera 3 ou 4%. 

Conscientes du problème, de plus en plus d'entreprises se lancent dans le business du web écolo.

Les data centers, ces machines gourmandes en énergie
Les data centers, ces machines gourmandes en énergie © Sean Ellis – Flickr - CC

Un data center qui tourne à l'énergie verte

Envoyer un mail avec une pièce jointe d'un mégaoctets, ça n'a l'air de rien. Et pourtant, cela équivaut à allumer une ampoule de 60 watts pendant 25 minutes. Afin de diminuer ce bilan carbone, Newmanity a lancé une boîte mail écologique. La start-up stocke les mails dans un data center unique en Europe, basée aux Pays-Bas. 

"Il est alimenté par une électricité totalement renouvelable. Elle est issue du vent, de l'eau, du solaire. C'est ce qui permet à nos utilisateurs d'émettre deux fois moins de CO2 dans l'atmosphère", détaille Stéphane Petibon, le patron de cette entreprise made in France.

Par ailleurs, la chaleur produite par ces serveurs verts chauffe aussi des bureaux. Cette idée d'utiliser le data center comme une source de chaleur, ils ne sont pas les seuls à l'avoir mise en oeuvre.

L'électricité qui alimente les data centers de Newmanity est verte
L'électricité qui alimente les data centers de Newmanity est verte © BFMTV

Le data center comme source de chaleur

A Marne-la-Vallée, le royaume de Disney, l'idée à déjà fait son petit bout de chemin. Capter l'air chaud généré par le data center dans le réseau de chauffage collectif, c'est le système que Dalkia a mis au point. Cette filiale du groupe EDF récupère l'énergie qu'émet l'usine numérique de Natixis afin de chauffer les pépinières d'entreprises et le nouveau centre aquatique.

Tout se joue dans la chaufferie qui relie le bâtiment du centre de stockage des données à celui de la piscine.

"On récupère la chaleur pour la transformer en eau chaude à 55 degrés", raconte Jean-Philippe Buisson, le directeur de l'entreprise en Île-de-France. L'énergie émise par le climatiseur est recyclée puis renvoyée dans les tuyaux qui transportent la chaleur jusqu'à la piscine. 

"Le centre aquatique est chauffé grâce à cette chaleur renouvelable. C'est un système qui est vertueux parce que si on n'avait pas récupéré cette chaleur du data center voisin, elle serait repartie vers l'atmosphère. Ce sont près de 3.000 tonnes de CO2 qu'on évite d'émettre en ne brûlant pas du gaz ou en ne brûlant pas du fioul pour le même service rendu", affirme-t-il.

Des bassins aquatiques chauffés par les data centers
Des bassins aquatiques chauffés par les data centers © BFMTV

Ecologique et économique

Ce recyclage de chaleur est un gain pour la planète mais aussi un avantage financier pour l'agglomération qui gère le centre aquatique.

"Ca fait moins de dépenses donc moins d'impôts demain puisque cette énergie nous en contrôlons la source de production et bien évidemment le prix qui est inférieur au gaz", explique Arnaud de Belenet, chargé du céveloppement économique de Seine-et-Marne au conseil départemental.

Cette technologie fait des émules. A Paris, la piscine de la Butte aux Cailles dans le 13e arrondissement va s'y mettre dès l'automne prochain. Les serveurs qui chaufferont le centre aquatique seront installés dans les sous-sols.
M.-C.M. avec Aymeric Barrault