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Cancer: résultats prometteurs pour un essai thérapeutique contre les tumeurs à la tête et au cou

Photo d'illustration.

Photo d'illustration. - PHILIPPE LOPEZ / AFP

Après un essai mené sur 1000 patients outre-Manche, le traitement expérimental a prouvé son effiicacité en parvenant à annihiler des tumeurs chez des patients au stade terminal. Les patients-tests, qui accusent peu d'effets secondaires, ont vu leur espérance de vie s'allonger de manière significative.

Ce sont des résultats qui pourraient faire date dans l'histoire de la médecine récente. La mise à l'épreuve, en Angleterre, d'un nouveau traitement expérimental contre le cancer a prouvé une efficacité considérable chez les patients en phase terminale, atteints de tumeurs à la tête et au cou, rapporte le quotidien anglais The Guardian.

Le cocktail médicamenteux soumis au test est un mélange de produits d'immunothérapie. Ces derniers viennent solliciter le système immunitaire des patients pour tuer leurs propres cellules cancéreuses. Le phénomène semble déclencher "une tendance positive en matière de survie", soulignent des chercheurs de l'Institute of Cancer Research (ICR) de Londres.

Les résultats de l'essai de phase 3, bien que précoces et non statistiquement significatifs, ont été "cliniquement efficaces" de manière continue, a déclaré l'ICR. Cet essai impliquait près de 1000 patients en phase terminale, atteints d'un cancer de la tête ou du cou en phase terminale. Les scientifiques ont en effet découvert que la combinaison de nivolumab et ipilimumab entraînait une réduction de la taille des tumeurs chez certains de ces patients. Dans certains cas, le cancer a même complètement disparu, laissant les médecins stupéfaits de ne plus trouver aucun signe détectable de la maladie.

3 mois de vie supplémentaires

La combinaison d'immunothérapie a connu un taux de réussite particulièrement prometteur dans un groupe de patients dont les tumeurs présentaient des niveaux élevés d'un marqueur immunitaire, appelé PD-L1. Les taux de survie chez ces malades ayant reçu le traitement expérimental se sont avérés les plus hauts jamais rapportés dans un essai thérapeutique de première ligne du cancer de la tête et du cou en rechute ou métastatique.

Ces patients ont vécu en moyenne trois mois de plus que ceux ayant subi une chimiothérapie. La survie globale médiane pour ces patients était de 17,6 mois, la moyenne la plus élevée jamais rapportée dans ce groupe de patients.

Des effets secondaires amoindris

En plus d'augmenter les chances de survie à long terme des patients, les scientifiques ont également observé que le traitement d'immunothérapie provoquait bien moins d'effets secondaires par rapport à la chimiothérapie, traitement classique proposé à de nombreux patients atteints d'un cancer mais aux effets souvent lourds.

L'addition des deux médicaments d'immunothérapie pourrait ainsi devenir une nouvelle arme précieuse contre plusieurs formes de cancer avancé, selon l'avis des experts. Les résultats d'autres essais qui ont exploité une combinaison similaire, ont déjà suggéré des avantages similaires pour les patients atteints d'un cancer en phase terminale des reins, de la peau et des intestins.

"Une bouée de sauvetage"

Pour exemple, un septagénaire originaire du comté de Suffolk, atteint d'un cancer au cou et auquel la mort était promis selon les médecins, il y a quatre ans, a fait partie des patients ayant pris part à l'expérimentation. "Quand on m'a parlé de l'essai, je n'ai pas hésité à m'inscrire. Qu'avais-je à perdre? Cela s'est avéré être une bouée de sauvetage", se réjouit-il auprès de nos confrères.

Huit semaines après le début de son traitement, et sans trace d'effets secondaires, des analyses ont révélé que la tumeur dans sa gorge avait été éradiquée.

"Le traitement que j'ai reçu au Royal Marsden est sans égal et je suis tellement chanceux qu'ils aient trouvé un traitement qui fonctionne pour moi – c'est le cadeau qu'ils continuent de m'offrir", exulte-il.

12.000 diagnostics de cancer par an

"Ce sont des résultats prometteurs", a souligné au Guardian le professeur Kristian Helin, directeur général de l'ICR. "Les immunothérapies sont des traitements plus doux et plus intelligents qui peuvent apporter des avantages significatifs aux patients."

"Nous devrons faire un suivi plus long pour voir si nous pouvons démontrer un bénéfice de survie pour tous les patients de l'essai", juge le professeur Kevin Harrington, professeur de thérapies biologiques contre le cancer à l'ICR.

Environ 12.000 personnes au Royaume-Uni reçoivent, chaque année, un diagnostic de cancer de la tête et du cou, dont une large proportion est déjà à un stade avancé.

Hugo Roux