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Bas-Rhin: inquiétude après un 10e séisme en l'espace de 15 jours

La dernière secousse en date, de magnitude de 2,4, a été enregistrée mercredi. Les secousses sont considérées comme dues à l'activité humaine.

La dernière secousse enregistrée remonte à mercredi, 7h36. La Terre a une nouvelle fois tremblé à Vendenheim (Bas-Rhin) et dans la métropole strasbourgeoise. Une secousse d'une magnitude de 2,4, selon le Réseau National de surveillance sismique (Rénass), implanté à Strasbourg.

Depuis 15 jours, dix séismes ont été ressentis par les habitants de l'agglomération strasbourgeoise. Il y a eu trois secousses le 27, deux secousses le 28 et 30 octobre, 1er novembre, deux secousses le 2, puis les 5, 8, 9 et 10 novembre. Tous ont été référencés comme "induits", c'est-à-dire provoqués par une activité humaine.

"Cela ressemble à un espèce de bruit sourd et une vibration assez courte", raconte un habitant de Strasbourg sur BFMTV. "J'en ai entendu plusieurs, dont un à 6h20 le matin qui était relativement costaud car il nous a carrément réveillés", témoigne un autre.

Une centrale géothermique pointée

Selon les relevés des experts, le coupable est une centrale géothermique voisine. Ce site en phase de test utilise le forage profond pour produire de l'électricité grâce à l'eau chaude des nappes phréatiques. Problème: cela crée une activité sismique.

"On commence à constater, sur certains bâtiments, après expertise, qu'il y a une apparition de failles. Donc est-ce que c'est dû à ces tremblements de terre? Si oui, je crois qu'il est temps de réagir", s'inquiète à notre antenne Georges Schuler, maire de la commune voisine de Reischett.

Mais à Fonroche Géothermie, on minimise et tient à rassurer la population:

"Cette microsismicité ressentie ne génère pas de dégâts. C'est une microsismicité qui est inférieure au seuil de dégâts", assure sur BFMTV le directeur général, Jean-Philippe Soulé.

Ce site a pour ambition de devenir la "première centrale française de co-génération électricité-vapeur de la filière en France".

Alors que d'autres sites géothermiques pourraient naître en France, car cette énergie n'émet aucun gaz à effet de serre, le sujet pourrait potentiellement devenir conflictuel.

"Ajustement de la roche", pour la préfecture

Dans un communiqué, cité par l'Agence France-Presse (AFP), la société annonce que le séisme a bien été mesuré "dans le périmètre de la Centrale de géothermie profonde", et qu'il s'inscrit "dans la continuité des mouvements souterrains" enregistrés depuis le 27 octobre. Selon la préfecture, il s'explique par "l'ajustement de la roche".

Les travaux de l'entreprise Fonroche sont suspendus depuis une première série de séismes survenue en novembre 2019, dont une secousse de magnitude 3,9. Les opérations d'injection d'eau sur le site avaient alors été interrompues.

Le 1er octobre, la préfecture du Bas-Rhin avait autorisé la réalisation de "tests de traçage", visant à savoir si les opérations habituellement menées sur le site "pourraient être de nature à créer des mouvements sismiques en surface". Elle les a interrompus le 28 octobre, après de nouvelles secousses sismiques.

Adrien Portron, Anthony Lebbos, Kévin Drouant et Clarisse Martin