Aux Boucholeurs, l'eau s'est jouée de la digue

par Claude Canellas LES BOUCHOLEURS, Charente-Maritime - Aux Boucholeurs, village ostréicole au sud de La Rochelle, la digue a tenu bon face à la...

par Claude Canellas

LES BOUCHOLEURS, Charente-Maritime (Reuters) - Aux Boucholeurs, village ostréicole au sud de La Rochelle, la digue a tenu bon face à la tempête Xynthia et aux fortes marées qui l'ont accompagnée. Mais l'eau s'est jouée de l'obstacle en le surmontant pour tout emporter sur son passage.

Partout dans ce village de 500 âmes, les habitants s'affairaient lundi à nettoyer l'intérieur de leur maison après le retrait des eaux.

Jean-François Rothet est de ceux-là. Au rez-de-chaussée de sa demeure, l'eau a laissé sa trace sur les murs et il reste encore quelques meubles éventrés, un piano électrique détruit, des livres et des disques éparpillés.

"J'ai vécu la tempête en direct. J'étais dans ma chambre au premier étage. Des vagues ont frappé les volets de la pièce. C'était impressionnant. En pyjama je suis descendu pour sauver ce qui pouvait l'être mais en moins de cinq minutes l'eau est montée jusqu'à un mètre", raconte-t-il.

C'est là qu'à la mi-journée Nicolas Sarkozy a fait un arrêt dans sa visite des sites les plus touchés par la tempête qui a balayé la France dans la nuit de samedi à dimanche.

"On ne peut pas laisser les gens dans la souffrance", a-t-il dit en parcourant les rues souillées.

D'autres encore moins chanceux ne pouvaient que constater les dégâts, notamment dans les maisons situées sur la façade océane où la seule digue n'a pu empêcher la mer de venir les frapper de plein fouet, emportant des voitures sur 200 mètres.

Sur ce front de mer, des façades ont été éventrées par la force de l'eau et l'intérieur des maisons est dévasté.

"J'AI TOUT PERDU"

"J'ai tout perdu. Je n'étais pas là quand ça s'est passé mais la maison est foutue et en plus j'ai perdu mon emploi dans un camping sur l'île de Ré qui a été détruit", a dit Nathalie Ricaud à Nicolas Sarkozy.

Un couple de voisins âgés, retrouvés morts dans leur maison éventrée, faisait partie des premières victimes de la tempête.

Dans cette comptabilité macabre, la préfecture a annoncé en début d'après-midi que le bilan sur le seul département de la Charente-Maritime s'établissait désormais à 11 victimes. Une personne est toujours portée disparue à Charron.

Aux Boucholeurs, le commandant des pompiers de La Rochelle, Yannick Aulay, a indiqué que des maisons totalement dévastées étaient encore en cours de visite.

"Nous sommes dans des zones où les habitants sont partis en catastrophe. Il nous faut visiter chaque maison pour s'assurer qu'il n'y a pas de victime. Il n'est pas exclu que le bilan s'alourdisse, a-t-il dit.

Parfois, des bulldozers sont utilisés pour dégager l'accès aux habitations.

A Châtelaillon-Plage et dans les environs, plus de 500 personnes ont dû être traitées en urgence. Des hébergements ont été trouvés auprès des familles, des amis, dans des hôtels.

Sur la zone ostréicole, les entreprises ont fortement souffert. La digue a été submergée au point qu'un bateau d'une dizaine de mètres de long qui se trouvait à quelques centaines de mètres dans le port a été projeté sur la façade d'une maison.

Un entrepôt a été éventré et un énorme tracteur a été poussé à l'extérieur par la force de l'océan. Des plates, les bateaux des ostréiculteurs, ont été emportés au loin ou détruits.

Dans les parcs à huîtres, c'est également la désolation.

"Les 50 familles d'ostréiculteurs sont sur la paille. C'est nous qui faisons vivre le village. Il faut absolument une aide d'urgence qui nous permettra de repartir", déclare Jacques Maire, le président du syndicat local des conchyliculteurs.

Nicolas Sarkozy lui a promis des aides financières et la venue du ministre Bruno Le Maire dans la semaine.

"On ne peut pas laisser détruire l'ostréiculture française, on ne peut pas les laisser seuls, c'est impossible", a promis le président français. "C'est une question qui sera réglée pour l'élaboration du plan cette semaine."

Edité par Yves Clarisse