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Aubry engage le bras de fer avec la droite sur les retraites

Accusée par la droite d'avoir créé une "bombe fiscale", Martine Aubry s'est lancée dans le service après-vente de la réforme des retraites mise au point par le Parti socialiste. /Photo d'archives/REUTERS/John Schults

Accusée par la droite d'avoir créé une "bombe fiscale", Martine Aubry s'est lancée dans le service après-vente de la réforme des retraites mise au point par le Parti socialiste. /Photo d'archives/REUTERS/John Schults - -

par Laure Bretton PARIS - Accusée par la droite d'avoir créé une "bombe fiscale", Martine Aubry s'est lancée mercredi dans le service après-vente...

par Laure Bretton

PARIS (Reuters) - Accusée par la droite d'avoir créé une "bombe fiscale", Martine Aubry s'est lancée mercredi dans le service après-vente de la réforme des retraites mise au point par le Parti socialiste.

Face à ce qu'elle qualifie de flou gouvernemental, le premier secrétaire a annoncé un "tour de France" pour expliquer les propositions que le PS a dévoilées mardi soir, au terme de longues négociations entre courants internes.

Pour l'ex-ministre des Affaires sociales du gouvernement Jospin, le PS tient son rang de parti de gouvernement, notamment en actant l'allongement de la durée de cotisation à l'horizon 2020 prévu par les réformes Balladur et Fillon.

Cependant, la formulation initiale du document rédigé par la direction sur ce point a été modifiée, même si Martine Aubry assure ne pas être "tiraillée entre l'aile gauche et l'aile droite" du PS.

La première version constatait noir sur blanc que la durée de cotisation serait de 41,5 années en 2020, ce qui satisfaisait les proches de Dominique Strauss-Kahn, François Hollande ou Manuel Valls. La version finale, envoyée à la presse dans la nuit, se contente de dire que "des dispositions sont prévues concernant la durée de cotisation".

"On est discret mais on travaille", se félicite sous le sceau de l'anonymat un secrétaire national proche de Benoît Hamon, héraut de la gauche du parti.

Principal pilier de la réforme socialiste, la recherche de nouvelles ressources financières passe par une forte taxation des revenus du capital (stock-options, bonus, participation, intéressement) avec un gain espéré de 25 milliards en 2025.

Pour donner un "ordre de grandeur aux Français", Martine Aubry a expliqué que cette somme représentait l'équivalent des "profits de BNP Paribas ces deux dernières années".

"UN PETIT PÉTARD SOUS LES BANQUES"

Le PS prévoit également la création d'une surtaxe de 15% sur l'impôt des sociétés acquitté par les banques, qui rapporterait, dit-il, trois milliards d'euros par an.

Des propositions "irréalistes", une "série d'expédients sans effet", un "choc fiscal sans précédent" pour les classes moyennes, ont dénoncé le Premier ministre François Fillon, les membres du gouvernement et l'UMP.

"Martine Aubry était la dame des 35 heures, elle est désormais la dame des impôts", a estimé le ministre du Travail, Eric Woerth, accusant le PS d'avoir mis au point une "bombe fiscale".

Invitée du Journal de 20h00 sur France 2, Martine Aubry a accusé le gouvernement de céder à "une certaine panique".

"Aujourd'hui, il y a eu un branle-bas-de-combat à droite, on a l'impression qu'ils ont perdu complètement leur sang-froid", a dit l'élue, selon qui "ce qui énerve le plus le gouvernement, c'est qu'on demande trois milliards d'euros aux banques."

Lors d'une rencontre avec la presse dans la matinée, Martine Aubry avait répondu à Eric Woerth en affirmant : "La bombe pour moi c'est le bouclier fiscal" et l'explosion des déficits.

"Les grands artificiers que sont actuellement les membres du gouvernement, je les convie à un peu plus de modestie. Nous, on a juste mis un petit pétard sous les banques", a-t-elle ironisé, défendant une mesure de "justice" économique et sociale.

Pour "rassurer" les Français, "inquiets parce qu'ils ne savent pas où on va", le Parti socialiste va distribuer dix millions d'exemplaires de son document "Pour une réforme juste, efficace et durable: un système de retraite universel et personnalisé".

"On est un des seuls pays d'Europe où l'opposition est capable de faire des propositions alternatives, chiffrées et sérieuses", se félicite Razzye Hammadi, secrétaire national chargé des services publics.

Pour les dirigeants du PS, le courage politique ne se trouve pas dans le camp du gouvernement. "Ils proposent du sang, de la sueur et des larmes mais pour quel résultat", s'interroge Marisol Touraine, qui a piloté les travaux internes sur la réforme des retraites.

Repousser l'âge légal, "ce sera effectivement pénible pour les plus modestes mais ça n'équilibrera pas le système", prévient la secrétaire nationale.

Martine Aubry est persuadée que la droite n'avancera pas de chiffrage précis dans le projet de loi promis pour la mi-juin, que le gouvernement se servira du Fonds de réserve des retraites pour équilibrer le système en 2012, année présidentielle, et qu'il ne touchera pas à la durée de cotisation.

Avec Elizabeth Pineau, édité par Henri-Pierre André