BFMTV
Sciences

Antoinette Fouque pour un "Grenelle des femmes"

A l'occasion de la Journée internationale de la femme, Antoinette Fouque, actrice de la première heure du combat pour les libertés et les droits des femmes en France, propose d'organiser un "Grenelle des femmes". /Photo d'archives/REUTERS

A l'occasion de la Journée internationale de la femme, Antoinette Fouque, actrice de la première heure du combat pour les libertés et les droits des femmes en France, propose d'organiser un "Grenelle des femmes". /Photo d'archives/REUTERS - -

par Elizabeth Pineau PARIS - Actrice de la première heure du combat pour les libertés et les droits des femmes en France, Antoinette Fouque propose...

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Actrice de la première heure du combat pour les libertés et les droits des femmes en France, Antoinette Fouque propose d'organiser un "Grenelle des femmes".

A l'occasion de la Journée internationale de la femme, la cofondatrice du Mouvement de libération des Femmes (MLF), dans la foulée de Mai-68, garde un oeil aiguisé sur la condition de celles "qui produisent plus des deux tiers des richesses mondiales et n'en possèdent que 2%".

"Les femmes produisent l'humanité. On ne tient pas compte du fait que faire des enfants est un travail, une création de la richesse humaine et ça n'a jamais été intégré à aucun produit intérieur brut", souligne-t-elle dans un entretien à Reuters.

"Leur travail de création est invisible. Or le premier environnement de l'être humain, c'est le corps d'une femme", insiste l'intellectuelle, éditrice et psychanalyste.

Pour cette ancienne élue radicale de gauche au Parlement européen de 1994 à 1999, membre de l'Observatoire de la Parité des femmes et des hommes depuis 2002, un "Grenelle des femmes" serait utile "pour qu'on globalise les questions car de tout temps, mieux on a pensé les choses, mieux on a travaillé pour trouver des solutions".

"En matière de droits des femmes, nous avons obtenu plus en 42 ans que pendant 10.000 ans, eh bien il va falloir les appliquer avec une 'pensée pensée', pas avec des slogans idéologiques", explique-t-elle.

Antoinette Fouque rappelle les discriminations contre les femmes au travail - elles sont les premières victimes du chômage et de la précarité -, les différences de salaires entre hommes et femmes - au moins 20% à travail égal - ou encore les violences faites aux femmes - en France, une femme décède chaque jour sous les coups de son compagnon.

Face à ces iniquités, elle met en garde contre le danger de "réformettes" telle que l'institution de quotas de femmes dans les conseils d'administration des entreprises.

"Je pense qu'avec des réformettes, des saupoudrages, les droits des femmes auront le même sort que les droits des travailleurs : ils régresseront, tant que cette économie libérale et spéculative continuera à régner sur le monde, et elle a de beaux jours devant elle".

LA QUESTION DES "MÈRES PORTEUSES"

C'est pourquoi, dit-elle "il faut une politique globale pour les femmes et une vraie détermination, pour mettre fin à toutes les formes de violences - des plus réelles au plus symboliques -, pour faire reconnaître l'existence et l'apport créatif des femmes dans tous les domaines".

Trente-cinq ans après la légalisation de l'avortement en France, Antoinette Fouque considère par ailleurs la Gestation pour autrui (GPA, les "mères porteuses"), comme "la grande question du XXIe siècle".

La GPA "peut constituer une reconnaissance de la fonction vitale des femmes, un acte d'indépendance de leur part sous la forme du don", estime-t-elle.

Pour Antoinette Fouque, la lutte pour les droits des femmes, liée à l'origine de la vie, rejoint d'autres questions comme l'écologie et l'immigration.

"Il faut changer de logiciel. Au lieu d'une philosophie ou d'une économie, du profit, du narcissisme, du pouvoir et de la guerre, on doit penser à une économie de la création, de l'éthique c'est-à-dire du souci de l'autre, de l'hospitalité", dit-elle.

Plus de 40 ans après la création du MLF, elle rappelle que le "mouvement de civilisation" né alors est encore en marche.

"Le mouvement de libération des femmes, j'y tiens, c'est comme un mouvement de libération de la Terre. C'est ça l'écologie : sauver la vie, le vivant", dit-elle.

De son oeuvre-phare, "Il y a deux sexes", réédité en 2004, au livre d'entretien avec Christophe Bourseiller paru en 2009, Antoinette Fouque affirme que l'avenir de l'humanité repose sur l'avènement d'une civilisation véritablement hétérosexuée, c'est-à-dire où "le génie de chacun des deux sexes se conjugue pour faire advenir une économie de mise au monde, de création, de créativité".

"Le XXIe siècle sera géni(t)al ou ne sera pas", dit-elle.

Edité par Sophie Louet