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Alerte nucléaire : quel risque pour les autres pays ?

Responsables japonais en tenue anti-contamination non loin de la centrale de Fukushima.

Responsables japonais en tenue anti-contamination non loin de la centrale de Fukushima. - -

Alors que le risque d’accident nucléaire grave augmente chaque jour au Japon, nombreux sont ceux qui se posent la question de la «contamination» à d’autres pays. La radioactivité de Fukushima peut-elle traverser les océans ? Eléments de réponse ici.

Le risque d’accident nucléaire grave augmente chaque jour au Japon. Et avec lui, les inquiétudes internationales ; certains se posent la question de la «contamination» à d’autres pays. La radioactivité de Fukushima peut-elle traverser les océans ? Des spécialistes expliquent leurs points de vue…

« Le "nuage" n'ira pas plus loin que le sol japonais »

Interrogé ce jeudi sur RMC, le président de la Criirad (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité) et physicien, Roland Desbordes, estime que le risque immédiat de propagation des radiations est faible, si la situation ne s’aggrave pas à la centrale de Fukushima: « Ce qui sort en ce moment, c’est des gaz et des poussières radioactives tellement fines qu’elles ne se voient pas. Tout cela part dans l’air et ça forme un ensemble qu’on appelle "nuage" même si le terme est inexact. Il va monter à une certaine hauteur, et si c’est très haut il va aller loin. Si son altitude est moins élevée, ce qui semble être le cas, ça parcourt quelques dizaines de kilomètres en suivant le vent. Et ensuite ça va se déposer progressivement sur le sol japonais. Ça n'ira pas plus loin que ça ».

« Ce qui est plus inquiétant en revanche, souligne Roland Desbordes, c’est que les Japonais ne donnent aucune information sur les produits qui s’échappent. On sait à peu près que ce sont des iodes radioactifs, des particules de césium, peut-être un peu de plutonium. Mais ce qu’on ne sait pas, c’est la radioactivité de ces différents éléments. Elle n’est pas mesurée par les Japonais ».

En cas d’explosion, les radiations pourraient voyager

Yves Marignac, autre spécialiste de la question, affirme qu’une aggravation de la situation actuelle changerait la donne : « Des explosions, des incendies et éventuellement de nouvelles secousses sismiques favoriseraient une dispersion plus grande de la radioactivité. Un nuage plus haut donc. Cela déterminera la surface couverte par la contamination. C'est ce qui s'était produit à Tchernobyl, avec cet énorme incendie qui avait duré 10 jours. Les conditions de vent et la présence éventuelle de pluie ou de neige détermineront aussi les distances couvertes ».

La France et l’Europe optent pour la prudence

Si l’on en croit les scientifiques, les risques de propagation internationale de la radioactivité par l’air sont donc quasiment nuls en l’état des choses. Pourtant, la France a d’ores et déjà décidé d’envoyer des comprimés d’iode à Saint-Pierre-et-Miquelon, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et à Wallis-et-Futuna, « pour faire face à une éventuelle contamination ». Pour la ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, « le régime des vents se concentrent d’ordinaire à l’intérieur d’un hémisphère », ce qui justifie cette décision.
Pour sa part, l’Union européenne a recommandé hier mercredi de tester les aliments importés du Japon. Les quantités annuelles issues de l’importation sont néanmoins infimes : 9.000 tonnes de fruits et légumes sur toute l’année 2010 par exemple, et encore moins pour les produits de la mer.

La Rédaction