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À quels risques s'expose Thomas Pesquet lors de sa sortie dans l'espace?

Thomas Pesquet doit effectuer ce mercredi une première sortie spatiale pour remplacer des panneaux solaires sur l'ISS. Si tout est mis en oeuvre pour que la mission des astronautes soit menée à bien, plusieurs risques réels subsistent toujours pour ces quelques heures en milieu spatial.

Plus que quelques heures avant le grand saut. Ce mercredi peu après midi, l'astronaute français Thomas Pesquet effectuera pour la troisième fois de sa vie une sortie extra-vehiculaire hors de la Station spatiale internationale (ISS), un "rêve" mais aussi une épreuve physique hors normes qu'il partagera avec l'Américain Shane Kimbrough.

Durant plus de six heures, les deux astronautes flotteront en apesanteur, à 400 kilomètres au-dessus de la Terre, accrochés à la Station spatiale internationale, pour y installer un nouveau panneau solaire. Ils recommenceront l'opération dimanche pour en déployer un deuxième, et ainsi augmenter la puissance du vaisseau construit en 1998. Une mission qui n'est évidemment pas dénuée de risques.

"Une sortie est toujours l’activité la plus risquée. Il faut être très concentré tout le temps, il y a l’erreur de ne pas être rattaché, ça veut dire qu’il peut dériver. C'est une concentration de tous les instants", décrit sur BFMTV Christophe Chaffardon, Directeur Sciences éducation et culture à la Cité de l’Espace à Toulouse.

Une mission intense

Et les menaces sont nombreuses. De part l'intensité physique et intellectuelle de la mission, les deux hommes devront redoubler de concentration durant ces heures spatiales, au risque de vivre un scénario digne du film Gravity, où les deux personnages se retrouvent sans attaches dans l'espace. "Ils sont rattachés par des filins, comme les via ferrata, c'est une main courante et on se déplace ainsi", décrit encore Christophe Chaffardon, qui souligne que cette "triple sécurité" doit leur permettre d'être en permanence rattachés à l'ISS.

Puis, la nature même de l'équipement porté par les deux hommes ce jour-là peut être source d'erreur humaine grave.

"Ils portent un scaphandre, pas une combinaison comme au décollage. C’est un exercice physique. Le scaphandre emporte l’oxygène, il protège des températures et il est pressurisé. Ca fait que tous les efforts deviennent difficiles. Ils ont des outils utilisés pendant six heures, c’est un effort intense, une épreuve sportive et intellectuelle à cause de la concentration permanente", ajoute le spécialiste.

D'autant qu'en comptant le temps de préparation, Thomas Pesquet et son homologue américain resteront engoncés durant près de dix heures dans cet équipement.

"Travailler en scaphandre est extrêmement difficile. Tous les sens sont limités, on manque de dextérité avec les gants: tenir un outil, c'est comme presser une balle de tennis, des centaines de fois pendant six heures", décrit auprès de l'AFP Hervé Stevenin, chargé de l'entraînement à ces sorties pour l'Agence spatiale européenne (ESA).

Incidents techniques

D'autres incidents liés à ces scaphandres, des défaillances techniques, peuvent également survenir et mettre la vie des deux hommes en danger. En 2013 par exemple, l'Italien Luca Parmitano avait failli mourir noyé car son système de refroidissement s'était écoulé dans le système de ventilation.

"Une bulle d'eau s'est collée derrière sa tête, il n'entendait plus et a dû écourter sa sortie. Il aurait pu se noyer", se rappelle Hervé Stevenin. "Il fallait vite rentrer dans la station", abonde Christophe Chaffardon.

"On n'a pas l'impression de risquer sa vie en permanence", tempère de son côté Thomas Pesquet, pour qui les "EVA" représentent un "rêve dans le rêve". Même s'il n'était "pas très fier" la première fois qu'il a lâché ses doigts du vaisseau.

Sortie en milieu hostile

Enfin, il existe également les risques inhérents au milieu spatial. Comme cela avait été le cas début juin, un débris spatial pourrait entrer en collision avec l'ISS au moment des opérations, bien que la Nasa suive de près ces débris afin d'écarter tous risques.

Comme l'explique également dans les colonnes de Ouest-France Sébastien Rouquette, membre du Centre d’aide au développement des activités en micropesanteur et des opérations spatiales (Cadmos), unité reliée au Centre national d’études spatiales (Cnes), les scaphandres devraient être mis à rude épreuve par l'atmosphère ambiante.

"Là où ils sont, les astronautes en sortie extra-véhiculaires ne peuvent plus bénéficier de l’atmosphère et du champ magnétique terrestre pour s’en protéger. La seule protection, c’est le scaphandre. D’ailleurs, un astronaute ne peut pas réaliser un nombre infini de sorties extra-véhiculaires ou de séjours spatiaux afin de limiter son exposition aux radiations, comparables à celles des centrales nucléaires", conclut-il.
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV