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"100 fois la taille du système solaire": des astronomes enregistrent la plus grande explosion cosmique connue

Vue d'artiste d'un trou noir qui courbe le trajet de la lumière passant à proximité, dans le phénomène de lentille gravitationnelle, dans une photo fournie par l'ESA le 10 juin 2022 (illustration).

Vue d'artiste d'un trou noir qui courbe le trajet de la lumière passant à proximité, dans le phénomène de lentille gravitationnelle, dans une photo fournie par l'ESA le 10 juin 2022 (illustration). - Handout / ESA/HUBBLE / AFP

Des scientifiques anglais ont pu observer une explosion cosmique, la plus grande qui ait pu être étudiée jusqu'ici, qui se serait déroulée à 8 milliards d'années lumières de notre planète.

D'un petit scintillement dans le ciel à la plus grande explosion cosmique jamais observée, il n'y a parfois qu'un (grand) pas. Comme l'explique le quotidien anglais The Guardian, des astronomes de l'université de Southampton (Royaume-Uni) ont dévoilé avoir observé et commencé à étudier cette explosion record, initialement découverte en 2020.

Si cet événement revêt un caractère exceptionnel, les estimations des scientifiques donnent ainsi une impression gargantuesque de grandeur de l'événement céleste. La luminosité qui s'en dégage, qui dure donc depuis trois ans, est estimée comme étant dix fois plus puissante que toute supernova connue à ce jour. Du fait de sa durée d'observation, il est même possible de considérer cet épisode comme le plus énergique relevé à ce jour.

"En trois ans, cet événement a libéré environ 100 fois plus d'énergie que le soleil au cours de sa durée de vie de 10 milliards d'années", a expliqué au Guardian le Dr Philip Wiseman.

Selon le chercheur à l'origine de l'étude de l'explosion, les scientifiques ont "estimé que c'est une boule de feu qui fait 100 fois la taille de notre système solaire, avec une luminosité mesurée à environ deux trillions de fois celle du soleil".

La source de l'explosion reste difficilement prouvable

Le phénomène a tout d'abord été enregistré en 2020 par la Zwicky Transient Facility, un relevé astronomique à grand champ utilisant une nouvelle caméra installée sur le télescope d'un observatoire californien, mais n'a pas tout de suite éveillé l'intérêt des astronomes. Ce n'est qu'après avoir étudié de plus près les chiffres évoquant la distance et la puissance du phénomène que l'équipe de scientifiques, menée par le Dr Wiseman, a saisi l'importance de l'événement.

AT2021lwx, le nom donné à l'explosion, est alors rapidement devenue un passionnant objet d'étude pour les chercheurs qui ne peuvent déterminer précisément les causes de celle-ci. En effet, les différentes hypothèses envisagées et scientifiquement prouvables -explosion d'une supernova, déchirement d'une étoile causé par un trou noir- ne semblent pas coller à la puissance renvoyée par le phénomène en question.

S'ils n'ont pas de scénario scientifiquement vérifié, les chercheurs avancent la théorie, qu'ils tentent de rendre "plausiblement incontournable", d'une ingestion d'un gigantesque nuage de gaz par un trou noir supermassif.

Ce nuage cosmique, constitué de gaz et de poussière, serait de ceux que l'on retrouve souvent autour des trous noirs. Si aucune explication formelle n'est encore donnée de la raison pour laquelle le nuage aurait dévié de son orbite, les astronomes supposent qu'une partie de ce halo poussiéreux peut avoir été perturbée par une collision de galaxies, et envoyée vers l'intérieur du trou noir.

Alors que le nuage tournait en spirale vers "l'horizon des événements" du trou noir -le nom donné à la frontière extérieure de la sphère noire- il aurait dégagé de grandes quantités de chaleur et de lumière, éclairant une partie du nuage et le chauffant à une température d'environ 12-13.000°C.

Si elle est clairement la plus grande jamais observée, l'explosion AT2021lwx n'est toutefois pas la plus brillante. L'année dernière, une éruption de rayons gamma, nommée GRB221009A, avait été enregistrée par deux télescopes spatiaux de la NASA. Toutefois, celle-ci n'avait duré qu'une poignée de minutes, bien loin des trois années de brillance du phénomène AT2021lwx.

Alexis Lalemant