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Santé

Zika, dengue: vigilance renforcée en métropole après le signalement de plusieurs cas

Le moustique tigre est désormais installé dans 51 départements.

Le moustique tigre est désormais installé dans 51 départements. - JAMESGATHANY / CDC / DOMAINEPUBLIC

Deux premiers cas autochtones de zika en métropole, une progression de ceux de dengue... Les autorités sanitaires renforcent leur surveillance et rappellent les conseils de prévention face à ces “arboviroses”, maladies transmises par le moustique tigre.

C'est le premier foyer d’infection à virus zika en Europe. Deux contaminations ont été signalées dans le Var, chez deux voisins. Il s’agit des deux premiers cas “autochtones”, c’est-à-dire chez des personnes qui n’ont pas quitté le Vieux continent.

“C’est une première alerte très sérieuse, d'abord parce que c’est la première en Europe chez des personnes qui n’ont pas voyagé. Ensuite, parce que l’on voit bien qu’avec le réchauffement climatique, les 30 degrés dépassés le 21 octobre en Corse par exemple, il va falloir que l’on s’adapte avec un moustique tigre présent quasiment partout en métropole”, nous explique le Pr Jérôme Salomon, Directeur général de la Santé (DGS).

Pour arriver à ces cas autochtones, il faut qu’un voyageur revienne avec la maladie, qu’il ne se protège pas pour éviter une piqûre de moustique, qu’il se fasse piquer et qu’ensuite le moustique pique, après 48 heures, quelqu’un d’autre qui n’a pas voyagé dans une zone infestée. La durée d’incubation est de 3 à 15 jours.

Aucun symptôme dans 50 à 90% des cas

Les deux personnes concernées sont aujourd’hui rétablies. Une démoustication a été immédiatement réalisée à proximité du domicile des deux malades. Les investigations se poursuivent pour détecter d’éventuels autres cas et éviter la propagation de la maladie.

“On est sur une recherche systématique autour du foyer chez des personnes qui ont présenté des symptômes. On veut s’assurer qu’aucune personne ne peut être porteuse du virus sans le savoir car il n’y a aucun symptômes dans 50 à 90% des cas. Il faut donc que les professionnels de santé pensent à cette possibilité”, poursuit le spécialiste de santé publique.

Les symptômes du zika - comme de la dengue - peuvent ressembler à ceux d’un état grippal: éruption cutanée avec ou sans fièvre, conjonctivites, maux de tête, fatigue, douleurs musculaires et articulaires, ainsi que des douleurs à l'oeil. Ils restent en général bénins et disparaissent spontanément en 2 à 7 jours.

Des courriers aux professionnels de santé pour les sensibiliser

Ces signes - non spécifiques - sont donc difficiles à relier à ces maladies et ne sont donc pas systématiquement évoqués. Les agences régionales de santé (ARS) ont donc adressé des courriers aux professionnels de santé pour les sensibiliser, notamment à ceux qui sont amenés à prendre en charge des femmes enceintes, et aux maternités, car ce virus peut infecter le fœtus et causer dans de rares cas des malformations congénitales. En dehors des femmes enceintes, zika peut être responsable d’une rare complication neurologique: le syndrome de Guillain-Barré.

Conséquence de ces deux cas, le ministère de la Santé a demandé aux préfets du Var et des Alpes-Maritimes, départements très concernés par le moustique tigre, d’activer le niveau 3 du plan de lutte contre les arboviroses. “Cela permet de déclencher des opérations de démoustication et des campagnes de communication”, précise Jérôme Salomon.

7 cas autochtones de dengue

Zika n’est pas la seule arbovirose à avoir débarqué en France: depuis le 1er août dernier, sept cas autochtones de dengue ont été identifiés à Vallauris, dans les Alpes-Maritimes. Ces personnes n’ont pas voyagé durant la période où elles ont pu être contaminées. Deux autres cas ont été identifiés à Calluire, dans le Rhône. Il s’agit des premiers cas autochtones confirmés de dengue en région Auvergne-Rhône-Alpes depuis la mise en place de la surveillance renforcée des arboviroses dans cette région il y a 7 ans. 

En parallèle de ces malades 100% métropolitains, le nombre de cas "importés", observés chez des personnes qui ont contracté la dengue, le chikungunya ou le zika lors d’un voyage à l’étranger, reste élevé. “Ces cas sont systématiquement surveillés”, assure le DGS. Entre le 1er mai et le 4 octobre 2019, la Direction générale de la santé recense ainsi 502 cas importés de dengue, 48 cas importés de chikungunya et 5 cas importés de zika dans les départements de métropole où le moustique Aedes albopictus est implanté.

L’importance du nombre de cas importés en métropole dépend principalement des épidémies sévissant dans les départements et territoires d’outre-mer. L’épidémie de dengue à la Réunion en 2018-2019 a entraîné de nombreux cas importés en métropole.

Se protéger efficacement des moustiques

Dans un communiqué, la DGS rappelle les consignes de prévention: “pour limiter le risque d’importation et d’implantation en métropole, les personnes qui reviennent d’un pays où circulent les virus de la dengue, du chikungunya ou du zika doivent se protéger efficacement des moustiques, surtout en cas de survenue de fièvre dans les 15 jours suivant leur retour, pour ne pas favoriser la diffusion de la maladie, et consulter sans délai leur médecin en signalant leur voyage récent”. 

Dans les 51 départements de métropole où le moustique tigre est présent, les autorités sanitaires rappellent également les conseils classiques pour éviter les piqûres: porter des vêtements longs et amples, si possible imprégnés d’insecticide, utiliser du répulsif anti-moustique, des diffuseurs électriques à l’intérieur des habitations et des serpentins à l’extérieur, détruire ou assécher toute réserve d’eau stagnante à l’extérieur ou à l’intérieur du domicile, parfaites pour les larves.

“Il va falloir s’adapter. Dans le sud-est de la France, les habitants seront peut-être amenés à dormir sous des moustiquaires!”, conclut Jérôme Salomon. 
Margaux de Frouville