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Vaut-il mieux dormir seul ou à deux?

Horaires de sommeil, mouvements, température, problématique de taille du lit, allées et venues, ronflements, pathologies éventuelles... dormir en couple n'est pas toujours facile.

Horaires de sommeil, mouvements, température, problématique de taille du lit, allées et venues, ronflements, pathologies éventuelles... dormir en couple n'est pas toujours facile. - iStock - courtneyk

Hommes, femmes, enfants... nous n'avons pas tous les mêmes besoins en sommeil, alors est-ce une bonne idée de partager son lit? Cette pratique peut en effet influencer la qualité des nuits.

Avec son conjoint ou sa conjointe, son enfant, son animal de compagnie... le "co-sleeping" peut avoir quelque chose de rassurant, et pourtant il ferait partie des facteurs qui peuvent expliquer une dette de sommeil. Cette pratique peut en effet influencer la qualité et la qualité du sommeil, met en garde l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV) dans le cadre de la Journée du Sommeil, le 17 mars prochain, qui dresse chaque année le portrait du sommeil des Français via une enquête nationale.

Cette 17ème édition a pour objectif de mieux comprendre en quoi le fait de dormir seul ou avec un co-dormeur influence le sommeil et de donner des conseils pour mieux organiser ses nuits. Les premiers résultats de l'étude montrent que, comme chaque année, les Français se plaignent de manquer de sommeil: ils dorment en moyenne 7h07 en semaine et 8h04 le week-end. Plus ils manquent de sommeil pendant la semaine, plus ils tentent de "récupérer" les jours de repos.

Une majorité de sondés manque de sommeil 

Ainsi, les personnes qui dorment moins de 6h pendant la semaine, le seuil au-dessous duquel il peut y avoir un retentissement sur la santé, dorment près d’1h30 de plus par nuit le week-end. "Cela concerne presque un quart des Français, qui sont donc en dette de sommeil en permanence", indique l'INSV. Pour les personnes qui dorment plus de 8h en semaine, l'écart avec le week-end est moins important, 40 minutes environ.

Mais cette récupération demeure incomplète puise 54% des Français jugent leur sommeil insuffisant dans l'ensemble, notamment les personnes qui dorment moins de 6h pendant la semaine, qui se réveillent la nuit (7 Français sur 10) et les femmes. Or, une dette de sommeil n'est pas sans risque. Sur le court terme déjà, elle est associée à une somnolence diurne, elle-même liée à un risque accidentel accru (accidents de la route, du travail, domestiques).

50% des Français dorment avec un autre adulte

Le constat est préoccupant puisque 28% des Français se disent somnolents. Sur le long terme également, la dette chronique de sommeil altère la santé, et ce malgré les tentatives de récupération comme la grasse matinée du week-end ou la sieste. "La dette de sommeil perturbe notamment le métabolisme énergétique avec un risque accru d’obésité et de diabète de type 2. Elle augmente aussi les risques d'hypertension artérielle et de maladies cardiovasculaires, de maladies inflammatoires, de troubles de l'humeur...", souligne le Pr Pierre Philip du CHU de Bordeaux.

Dans ce contexte général de sommeil insuffisant, le "co-sleeping" constitue une habitude dont les conséquences étaient jusqu'ici peu explorée. Sur le sujet, 50% des sondés disent dormir en couple, 40% seul, 68% de manière occasionnelle avec leur enfant et un tiers des personnes ayant un animal de compagnie leur laisse libre accès à leur chambre. Dans la première situation, le fait de dormir avec son conjoint présente des côtés positifs aussi bien que négatifs.

Gare aux réveils nocturnes

Si le partage de lit est un plaisir pour 49% des personnes qui dorment avec quelqu'un, est rassurant (28%), tient chaud aux frileuses ou aux frileux, il gène l’endormissement dans 12% des cas, provoque des réveils nocturnes (13%) ou tient trop chaud à l’un ou à l’autre (10%). D'autres facteurs précis dans ce contexte entrent en jeu, comme les mouvements de l'autre qui peuvent gêner le partenaire, les ronflements ou la respiration bruyante, la température au sein du lit, les allées et venues pendant la nuit ou encore les rythmes de sommeil différents pour chaque personne.

Ce sujet doit donc être abordé sans tabou avec son ou sa partenaire pour trouver des solutions simples. "On peut discuter du mode de couchage le plus susceptible de préserver le sommeil de chacun. Par exemple, prendre un plus grand lit, voire des lits jumeaux pour ceux qui s’agitent dans leur sommeil, ou se doter de deux couettes, une pour chacun, pour ceux qui ont besoin d’une niche thermique différente, explique le Dr Joëlle Adrien, directeur de Recherches à l'Inserm. Chacun doit s'efforcer de préserver son sommeil tout en respectant le sommeil de l’autre." 

Apprendre à son enfant à dormir seul

Qu'en est-il des jeunes enfants, souvent très demandeurs pour dormir avec leurs parents dans leur lit? Difficultés à s’endormir, réveils nocturnes, levers en fanfare... presque la moitié des Français concernés par cette pratique (45%) la perçoivent en effet comme une gêne pour leur sommeil. Les experts l'affirment: dormir avec son bébé dans le même lit est déconseillé pour le sommeil des parents mais aussi dangereux pour ce dernier (étouffement, poids de la couette, mauvaise température).

En ce qui concerne les enfants plus âgés, ces derniers doivent réaliser petit à petit qu’ils peuvent se réveiller et se rendormir seul. Certaines mesures participent à cet apprentissage comme le mettre au lit encore bien éveillé afin qu’il se familiarise avec son environnement de sommeil, instaurer un rituel pour le coucher, le laisser dans son lit en cas de pleurs si aucune maladie ne semble être en jeu et les deux parents doivent adopter les mêmes attitudes à l’égard de leur enfant.

Alexandra Bresson