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Vague de froid: existe-t-il un risque avec les médicaments?

Certains médicaments peuvent aggraver les dangers d’une trop longue ou trop forte exposition au grand froid.

Certains médicaments peuvent aggraver les dangers d’une trop longue ou trop forte exposition au grand froid. - iStock - ironstealth

Hypothermie, vasoconstriction... à l'instar des fortes chaleurs, les épisodes de grand froid nécessitent des précautions pour les personnes sous traitement. Certains médicaments peuvent en effet contribuer à aggraver les effets du froid, qui peut aussi les rendre moins efficaces.

Cette semaine, la France connaît une vague de froid inédite depuis cinq ans, qui va durer plusieurs jours. Une situation climatique qui peut provoquer des intoxications au monoxyde de carbone, des chutes dues à la neige, ainsi que les conséquences sanitaires liées au froid. Un tel épisode peut notamment entraîner des modifications physiologiques et surtout une aggravation de maladies pré-existantes, comme les maladies cardiovasculaires et respiratoires, même si le corps met tout en œuvre pour s’adapter, c’est-à-dire augmenter la température corporelle.

"On observe une vasoconstriction cutanée (diminution de la circulation du sang à la surface de la peau) et une augmentation du rythme cardiaque. L’organisme met aussi en œuvre des mécanismes de production de chaleur, par une augmentation de l’activité musculaire (frissons, activité physique) et une augmentation du métabolisme", explique l'ANSM*.

Mais l'efficacité de ces mécanismes physiologiques peut être diminuée par certains facteurs, avec en premier lieu le grand âge. Les personnes âgées ont en effet un métabolisme de base et une réponse vasculaire diminués, donc une perception du froid moins importante. Sont également à risque les travailleurs en plein air, les personnes souffrant de pathologies chroniques (affections cardiovasculaires, respiratoires, hypothyroïdie, maladies neuropsychiatriques) ou de certaines pathologies aiguës (infections respiratoires).

Les médicaments qui nécessitent une vigilance accrue

Enfin, certains médicaments, du fait de leurs propriétés pharmacologiques, sont susceptibles de présenter un danger: ils peuvent être responsables de la survenue ou de l’aggravation de symptômes liés au froid en interagissant avec les mécanismes adaptatifs du corps. Ainsi, les neuroleptiques, les barbituriques et les benzodiazépines sont susceptibles d'aggraver une hypothermie en déréglant le thermostat central de l'organisme, ce qui provoque une baisse de la température.

D'autres présentent ce risque en limitant la réponse vasoconstrictrice: certains anti-hypertenseurs (alpha-bloquants, inhibiteurs calciques, inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine) et les vasodilatateurs. Les médicaments prescrits pour traiter une hypothyroïdie peuvent quant à eux empêcher l’augmentation du métabolisme nécessaire pour la production de chaleur. A l'inverse, l'action de certains traitements peut être affectée par la vasoconstriction.

Les médicaments à faible marge thérapeutique (sels de lithium, digoxine et les antiépileptiques carbamazépine, acide valproïque, phénobarbital, phénytoïne) sont moins bien distribués dans l’organisme. Enfin, les médicaments agissant sur la vigilance (sédatifs, benzodiazépines, opioïdes) peuvent indirectement aggraver les effets du froid en altérant les capacités à lutter contre celui-ci. L'ANSM précise néanmoins que "dans la plupart des cas, un médicament ne représente pas, à lui tout seul un risque, surtout s'il est bien utilisé".

Comment les conserver et les transporter?

Généralement, il n'y a aucune précaution particulière à prendre en ce qui concerne leur conservation, mais un épisode de grand froid nécessite de bien le vérifier. Les médicaments conservés à température ambiante ou à une température inférieure à 25 ou à 30°C se conservent dans leur rangement habituel et en règle générale, une exposition au froid pendant quelques jours ne les dégrade pas.

Mais il faut se montrer vigilant si la boîte comporte les mentions "ne pas réfrigérer" ou "ne pas congeler", car en cas de non respect des températures, ces médicaments peuvent être dégradés (éclatement) et ne doivent plus être utilisés. Le ministère de la Santé recommande également, en cas de transport en voiture pendant cette période, d'anticiper le risque d’être bloqué par les intempéries ou de devoir faire face à des difficultés de circulation.

De fait, il conseille aux personnes sous traitement de veiller à emporter avec elles une quantité suffisante de médicaments, et de l’eau pour les prendre. Ces derniers peuvent être transportés dans un emballage isotherme non réfrigéré, mais même sous cette forme, il faut veiller à ne pas les laisser trop longtemps dans les coffres ou les habitacles de voiture exposées longtemps au froid, endroits où les températures sont les plus basses.

*Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé 

Alexandra Bresson