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Vaccin russe: la revue The Lancet demande des éclaircissements en raison de possibles "incohérences"

Image d'illustration - Un médecin vaccine un enfant le 31 octobre 2017 à Quimper

Image d'illustration - Un médecin vaccine un enfant le 31 octobre 2017 à Quimper - Fred Tanneau - AFP

Vladimir Poutine avait annoncé, début août, avoir développé le premier vaccin contre le coronavirus. Mais depuis, des doutes ont été émis sur la vraissemblance des résultats de l'étude publié dans la revue The Lancet.

The Lancet a annoncé jeudi avoir demandé des éclaircissements aux développeurs du vaccin russe après des doutes émis sur la vraisemblance de leurs résultats publiés par cette prestigieuse revue médicale.

L'auteur principal de l'étude incriminée, le chercheur russe Denis Logounov, cité par l'agence de presse publique RIA Novosti, a rejeté les accusations et souligné que The Lancet avait eu accès "à toutes les données recueillies au cours des recherches scientifiques".

Des "incohérences potentielles dans les données"

Dans une lettre ouverte à la revue, datée du 7 septembre et signée par une trentaine de chercheurs, essentiellement européens, le scientifique italien Enrico Bucci s'interroge sur la vraisemblance de données de l'article publié le 4 septembre par The Lancet, signé par Denis Logounov et ses collègues.

Ce travail indiquait que le candidat-vaccin russe déclenchait une réponse immunitaire et n'entraînait pas d'effets indésirables graves. Depuis, les autorités de Moscou ont commencé à tester le vaccin, baptisé Spoutnik V, sur 40.000 habitants de la capitale.

Le scientifique italien, qui travaille et enseigne à l'université Temple University de Philadelphie (dans l'est des Etats-Unis), pointe dans sa lettre ouverte des "incohérences potentielles dans les données" telles que publiées dans l'article incriminé.

Il déplore l'absence d'accès aux données originales de l'essai russe et estime que l'article publié dans The Lancet "présente plusieurs points de préoccupation". Le scientifique italien relève dans certaines expérimentations une similarité complète ou très élevée des données chez les volontaires qui ont testé le vaccin, ce qui lui semble "hautement improbable".

En réponse à la lettre ouverte, la revue britannique "a invité les auteurs de l'étude sur le vaccin russe à répondre aux questions soulevées" et assuré qu'elle "suivait la situation de près". Les travaux russes ont été évalués avant publication par un comité scientifique indépendant composé d'experts, du Covid-19 et des vaccins, a encore rappelé The Lancet à l'AFP.

Des accusations rejetées en bloc par le chercheur

"Nous encourageons le débat scientifique sur les papiers que nous publions et sommes au courant de la lettre ouverte sur l'essai de vaccin russe par Logounov et ses collègues. Nous l'avons partagée directement avec les auteurs et les avons encouragés à engager une discussion scientifique" a encore commenté la revue britannique. Denis Logounov, lui, a rejeté "catégoriquement" les accusations.

"Le Centre Gamaleï (dont Logounov est directeur scientifique adjoint, ndlr) rejette catégoriquement les accusations formulées par un groupe de scientifiques sur le manque de fiabilité des données statistiques publiées dans la revue The Lancet", a-t-il indiqué selon RIA Novosti.

"Le Centre a présenté (avant la publication) à The Lancet le protocole clinique complet et toutes les données recueillies au cours des recherches scientifiques", a-t-il précisé.

Selon lui, The Lancet a lui-même passé en revue toutes ces données. "Ces données ont été soumises à une expertise minutieuse des relecteurs de la revue qui, avant la publication, ont posé toutes les questions nécessaires concernant le contenu de l'article et les données sur lesquelles il était fondé, et ils ont obtenu des réponses exhaustives", a-t-il expliqué.

Avant même la publication de ces premiers résultats, Vladimir Poutine avait affirmé début août que son pays avait développé le "premier" vaccin contre le Covid-19. Cette déclaration avait été accueillie avec défiance par la communauté scientifique internationale, en l'absence de données et alors que la phase finale des essais n'avait pas commencé.

Jeanne Bulant avec AFP Journaliste BFMTV